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De Oulan-Bator à Mourmansk par le rail, du 19 au 28 juin 2009
Cinq journées dans le transsibérien
Gare d'Oulan-Bator, le 19 juin en début d'après-midi, nous montons dans le transsibérien. Si ce n'est
les deux Suédoises qui vont partager notre compartiment jusqu'à Moscou, rien de nouveau dans le train depuis
la portion Pékin - Oulan-Bator. Ha ! Quel chanceux ce Lolo, vous dites-vous ! Mais détrompez-vous...
L'une est blonde, comme dans les blagues, bien que ce ne soit qu'une couleur d'après Corinne, et sa
copine passe les trois quarts du temps sur la couchette du haut
à dormir. Après cinq journées de voyage, nous ne connaîtrons ni leurs prénoms ni ce qu'elles font après
Moscou.
Heureusement, le compartiment voisin est occupé par un couple de Français très sympas, Sophie
et Pierre. Cela fait huit mois qu'ils voyagent. Nous discutons, prenons des apéros, mangeons nos deux derniers
hachis parmentiers déshydratés de Mélanie et Sylvain (nous les gardions en rations de survie, mais depuis le temps
ils sont périmés !), faisons quelques jeux... Le temps passe agréablement.
Quant au reste du wagon, il est occupé par des Mongols plutôt étranges. À l'approche de la
frontière russo-mongole, ceux-ci s'affairent sans cesse à transvaser d'un compartiment à l'autre, et
même d'un wagon à l'autre, des tas de caisses et de sacs remplis de t-shirts, chaussures et autres
produits, un va-et-vient sans fin. Il y en a même un qui enfile au moins deux jeans l'un sur l'autre !
Le passage de frontière est très long, cinq à six heures. Il faut dire que les douaniers russes
prennent leur boulot à cœur, et font chauffer les billes de leurs stylos : déclaration de ceci,
déclaration de cela...
Le lendemain, dès le premier arrêt, nous comprenons mieux le pourquoi du remue-ménage opéré par les passagers mongols avant
la frontière : une fois en Russie, ils écoulent
sur les quais des gares de la marchandise en provenance de Chine. Ce marché noir semble connaître une réputation certaine,
les Russes sont fidèles au rendez-vous. La gare de Novossibirsk en est l'apothéose, une
foule d'acheteurs potentiels y est regroupée sur notre quai. Ils ne sont pas venus prendre le train ; pour eux,
seul compte le shopping. Même les provodnitsa (les chefs de wagon) s'y mettent et se transforment en vendeuses de couvertures !
Entre les différentes gares, les marchands passent une grande partie de leur temps à
désempaqueter puis réempaqueter leurs sacs, puis à les changer de place. Nous ne comprenons
pas bien la manœuvre... tout un métier ! Ce sont des passagers particuliers : ils travaillent, pas
le temps de se soucier du reste. Du coup, pas de contact avec les six touristes qui occupent
le même wagon qu'eux, dommage.
Devenus des habitués du chemin de fer longue distance, nous prenons facilement un rythme de croisière au
cours de ce long trajet : discussions, lecture, musique, thé et café, sieste, grignotage et
repas, défilement du paysage (taïga, forêts, pêcheurs en rivière, isbas, lac Baïkal...) etc. La faible
allure du train s'y prête parfaitement, nous apprécions.
Cependant, avec tout ce que nous avions entendu dire à propos de ce train
mythique, nous nous attendions à quelque chose d'encore plus marquant ! Peut-être le voyage aurait été
plus "authentique" en voyageant en 3e classe, mais avec nos vélos et tous nos bagages à traîner, le
changement de train nécessaire aurait apporté encore trop de complications.
Etape moscovite
Nous arrivons comme prévu en gare de Moscou le 23 juin en début d'après-midi (et quatre heures de décalage
horaire). Et déjà, mauvaise surprise : le wagon marchandises
s'est arrêté en chemin ; nos vélos n'arriveront que le lendemain ! Nous, qui espérions prendre
dans la foulée un train pour Saint-Petersbourg... Mais le côté positif des choses est que nous
allons pouvoir faire connaissance avec Dimitri, contacté par l'intermédiaire du réseau Internet
warmshower. En consultant nos mails à la sortie de la gare, nous lisons
son invitation (merci Julia !). Dima nous donne par la suite une aide précieuse pour nous dépatouiller avec
nos billets de train et le transport des vélos pour Mourmansk.
Hé oui, Mourmansk, car nous décidons finalement de ne pas nous arrêter à Saint-Petersbourg, pourtant si charmante à ce qu'il paraît.
Seulement voilà, nous en avons assez de trimbaler en chariots toutes nos sacoches de gare en gare, et de passer
autant de temps à placer nos vélos en fret.
Mais surtout, nous passons trois bonnes soirées en compagnie de Dima et de son pote Arthur. Discuter
est grandement facilité par le fait que Dima maîtrise parfaitement le français, et qu'il s'efforce de faire
l'interprète entre Arthur et nous. Ambiance apéro entre amis, ça fait du bien !
Pendant nos quatre jours à Moscou, nous allons quotidiennement à la gare (arrivée, billets de train
à acheter puis récupération des vélos, billets de train à modifier, départ) ; nous avons
également quelques achats à faire. Avec tout ça le temps qu'il nous reste pour visiter la ville
est très limité : place Rouge, église Basile, balade autour du Kremlin puis dans les rues de la
capitale au milieu de beaux bâtiments imposants, et le magnifique métro.
Nous voici de retour à la civilisation occidentale.
La population a désormais le même faciès que nous, et le dépaysement n'est plus aussi fort qu'en Asie.
Fini aussi les auberges très bon marché et les p'tits restos où l'on se régale pour trois fois rien...
A nouveau un tournant dans le voyage.
On the rails again : Moscou => Mourmansk
Cette fois-ci, nous pouvons voyager en platzkart, la 3e classe. C'est un wagon dortoir,
d'un autre type que dans les trains chinois. Joyeux foutoir chaleureux, et ambiance camping ;
les passagers semblent tous revenir de vacances au soleil, bronzés, en short, mini-short, t-shirt, mini-top.
Sur les quais des gares, de petits vendeurs ambulants attendent l'arrivée du train : poissons séchés,
brioches, glaces et boissons. Dans le train, on boit de la bière, on joue aux cartes,
les enfants s'amusent dans les couloirs, et tout le wagon semble se connaître. Oui, vraiment un air
de vacances ! Pour nous, qui ne parlons pas russe, il est bien sûr difficile d'échanger plus que
des sourires et des regards amusés, d'expliquer d'où nous venons et pourquoi nous allons à Mourmansk.
Mais peu importe, nous profitons de ces instants dans ce wagon pendant deux journées, dans la bonne humeur.
Et les paysages ne sont pas pour nous déplaire : beaucoup de forêts, lacs et étangs, et les oiseaux
qui les accompagnent.
Il est 3 h 50 le 28 juin lorsque le père de la petite famille avec qui je partage un bout de wagon me réveille ; nous arrivons
bientôt à Mourmansk. Il fait jour. La dernière fois que j'ai ouvert les yeux, vers minuit, le
soleil "couchant" se reflétait dans l'eau d'un lac. Entre temps, la nuit n'est pas tombée : à cette période
de l'année on ne voit jamais les étoiles.
Ça sent la mer, il y a des signes qui ne trompent pas. Le train fait son entrée dans
Mourmansk en longeant l'estuaire et le port de commerce. Les gros cargos, les grues, les containers, les silos et les cheminées...
On se croirait arriver à Brest ! Le cri des mouettes et les algues sur les rochers confirment que nous
sommes tout proches de la mer, celle de Barents.
Nos vélos voyagent dans un autre train, il faut les attendre jusqu'à midi. Nous dormons à tour de
rôle sur les bancs de la gare, jusqu'à ce qu'un policier viennent me réveiller. A partir de 7 h 30, il ne faut
pas faire pouilleux dans la gare !
Nous récupérons enfin nos montures, ce qui sonne le glas de notre transhumance ferroviaire. Une longue équipée
depuis Künming (Chine) jusqu'au grand Nord, entrecoupée de vacances en famille à Pékin, et d'aventures pédaleuses
à travers les steppes mongoles.
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Loïc, le 4 juillet 2009, Norvège. |
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Quelques coups de pédales en Russie, du 28 juin au 3 juillet 2009
Nous voilà donc partis pour quelques semaines de pédalage au-dessus du cercle polaire. C'est
pas encore le pôle nord, mais il ne fait pas chaud. Les premiers jours nous retrouvons les
paysages que nous avions aperçus par la fenêtre du train : forêts de bouleaux interrompues par
des lacs de toutes tailles. Puis les forêts laissent la place à un paysage très particulier de
mousses, petits arbustes et eau : la toundra. Pas facile de trouver un coin au sec pour planter
la tente...
Et dès que l'on reste plus de 2 minutes au même endroit, c'est l'invasion de moustiques. Ils
arrivent par hordes et se déchainent sur nous. On se protège comme on peut, et aussitôt la tente
montée et les pâtes cuites, on s'y réfugie, mais l'on est quand-même couverts de boutons car
ces sales bêtes nous piquent à travers le pantalon...

Il faut dire qu'ils n'ont pas grand chose à se mettre sous la dent, le secteur étant plutôt
désertique. Sur le bord de la route, rien, pas de station-service ni de petit café, juste des
monuments dans le pur style militaire soviétique et quelques "villes" d'un glauque absolu.
Nous en avons traversées 3 ou 4 toutes semblables : une douzaine ou une vingtaine de barres
d'immeubles plutôt décrépies posées là au milieu de nulle part dans une nature on ne peut plus
hostile. Des températures négatives une grosse partie de l'année et surtout un soleil qui n'en
fait qu'à sa tête. L'été il ne se couche jamais et 24h sur 24 il fait grand jour, et pendant
deux mois en hiver il ne dépasse pas la ligne d'horizon, c'est la nuit polaire. 2 mois dans
l'obscurité, avant de regagner progressivement quelques petites heures de lumière.
Pour que cela vous parle plus, voilà deux petits schémas qui parlent plus qu'un long discours
(ce sont les données pour le cap nord, de l'autre coté de la frontière, mais les conditions
sont quasiment les mêmes). Bref, une drôle de vie que doivent mener ces gens. A se balader par
là, on comprend mieux l'amour pour la vodka qu'ils ont !
Après 4 jours de vélo dans ce drôle de coin, nous arrivons à la frontière où l'on pense passer
quelques heures à devoir expliquer que non, nous ne nous sommes pas enregistrés (il y a
des procédures de contrôles des nuitées pour les étrangers ; mais a priori si l'on ne passe pas plus de
3 nuits dans une même ville, il est inutile de s'enregistrer), mais finalement nous attendons
juste un peu que quelqu'un aille réveiller le douanier (il n'y a pas beaucoup de passage sous
ces latitudes), un tampon et c'est fini !
Europe nous revoilà !!!!
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Corinne, le 16 juillet 2009, Honningsvag en Norvège. |
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