Ouzbékistan
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Pêche aux infos pratiques


Vers Boukhara, du 21 au 25 septembre 2008

On avait beaucoup entendu parler des douaniers turkmènes. Finalement la sortie du pays se passera aussi bien que l'entrée.
C'est toujours aussi long mais ils ne nous embêtent pas ; il y en a même qui font des essais de vélo.

A 17 heures, nous voilà donc lancés sur les routes ouzbeks, et quelles routes ! Un bitume parfait, très peu de circulation et un paysage désertique où l'on peut facilement planter sa tente. Mais cela ne dure que quelques dizaines de kilomètres et, bien vite, nous rejoignons l'axe principal, seule façon pour nous de rejoindre Boukhara.
Nous sommes très surpris de découvrir que, loin d'être uniquement arides et désertiques comme nous nous y attendions, certaines parties du pays sont très peuplées. Dès qu'il y a de l'eau, la vie se concentre autour. Nous roulons dans une alternance de villages entièrement construits sur la longueur, s'étendant sur des kilomètres et des kilomètres, et des champs de coton où les gens travaillent du lever au coucher du soleil.

Ici, c'en est fini des mobylettes iraniennes, dans ce plat pays les gens pédalent. Mais eux n'ont pas de super vélos-couchés, ils doivent se contenter de « vélos chinois + comme les appelle Lolo. Ce sont des vélos rudimentaires, ni vitesses, ni poignées de frein (ils marchent au rétropédalage, on pédale à l'envers et ça freine). Régulièrement, nous nous faisons donc escorter pendant plusieurs kilomètres par des cyclistes intrigués par nos vélos. L'autre moyen de locomotion local, c'est l'âne. Dès qu'ils sont assez grands pour grimper dessus, les gamins se transforment en cavaliers hors pair (c'est d'ailleurs très impressionnant de voir à quel point certains ânes sont bien dressés). Ainsi, petits ou grands, perchés dessus ou dans la carriole dernière, les Ouzbeks se déplacent beaucoup en âne. Et les pauvres n'ont pas la vie facile... Ici, ils utilisent le bâton, pas la carotte pour les faire avancer. Et combien de gamins n'ont pas voulu faire la course avec nous... Obligés de ralentir pour épargner le pauvre âne...

En deux jours, nous voilà arrivés à Boukhara. Que c'est beau !!! Des coupoles d'un bleu incroyable, des mosquées et des medressas aux murs couverts de faïences colorées.
Ici, tout à été rénové par les Soviétiques et le résultat est de toute beauté. De plus, la plupart des monuments sont rassemblés dans un petit centre, ce qui fait que tous les dix mètres on s'en prend plein les yeux.

C'est vraiment superbe mais, en même temps, cela sonne un peu faux. Autour de tous les monuments il y a de grandes esplanades vides, les habitations et les commerces y ont été rasés lors des travaux de rénovation, alors c'est très pratique pour prendre des photos, mais ça manque de vie, c'est très aseptisé. Impression un peu étrange de se promener dans ces ruelles où l'on ne croise pratiquement que des touristes, où les seules échoppes sont des boutiques de souvenirs qui, le soir venu, sont pratiquement désertes...

Et les touristes, parlons-en! Nous n'avions pas vu autant de Français depuis six mois !!! De nombreux tour-opérators organisent des circuits qui tentent pas mal de nos compatriotes. Nous rencontrons également d'autres voyageurs individuels avec qui nous passons de bons moments. Que c'est chouette de pouvoir parler français et, encore mieux, parler en français de voyage avec Hélène, Mathieu et Bruno.


Corinne, le 14 octobre 2008 à Tashkent, Ouzbékistan.



De Boukhara à Samarcande, du 26 septembre au 1er octobre 2008

Après 3 jours de visite, il faut se remettre à pédaler... On trouve un moment le réseau secondaire, bien plus agréable que les routes principales, mais, ici aussi, dès que l'on demande son chemin aux gens, ils nous renvoient sur les grosses routes. On se fait encore avoir. En plus il se met à pleuvoir, c'est le déluge.

Après quelques heures à rouler sur une quatre-voies bien passante, on n'en peut plus et on décide de ne plus les écouter et d'y aller à la boussole. + quelques kilomètres, parallèle à la route principale, il y a une petite route : en tournant on devrait bien y arriver... C'est parti : là il y a une petite route perpendiculaire on la prend, au bout de quelques kilomètres plus de bitume, puis le chemin devient un étroit sentier... On pense à faire demi-tour mais une bande de gosses, qui nous suivait de loin, nous dit que l'on est sur la bonne route et nous accompagne. On roule dans la gadoue et on finit par arriver devant une rivière... sans pont !
Pas de problème ! Ils nous indiquent un gué (vive les sacoches étanches !) et nous voilà sur nos tant aimées « petites routes + !

Nous, on y est bien, mais ce n'est pas du goût de tout le monde. Un policier trouve que des touristes à vélo sur des petites routes c'est vraiment trop dangereux et il décide de... NOUS ESCORTER !!!
Non pas ça ! Cette fois, pas question de se le traîner deux jours entiers. On s'arrête, on se pose par terre et on sort des bouquins. Le policier est embêté, surtout qu'un attroupement se forme autour de nous. Nous, on fait semblant d'être captivés par nos livres. Il fait venir deux profs de français pour faire la traduction et, au bout de deux heures, nous sommes libres !

Sur cette portion de route, nous ne sommes jamais seuls. Il y a du monde partout. C'est incroyable. Entre deux villages, lorsque l'on s'arrête pour une petite pause, au bout d'une minute il y a des gens qui sortent d'on ne sait où. Lorsque l'on s'arrête pour manger c'est pareil, regardez sur la photo. Où sont les vélos ???





Et le soir c'est infernal : partout il y a des coins où l'on pourrait planter la tente mais, soit il y a un cycliste qui nous suit, soit des gens dans les champs qui repèreraient où nous nous cacherions. Nous devons donc demander à plusieurs reprises la permission de planter la tente chez l'habitant. L'accueil n'est pas aussi chaleureux qu'en Iran ou en Turquie, mais à chaque fois nous sommes gentiment accueillis et invités à dormir dans de vrais lits ou bien dans un restaurant où, pendant une coupure de courant, on s'éclaire à... la gazinière. (Mounette, après tout ça, en revenant, j'aurais même plus peur du gaz).

En Ouzbékistan, aussi, le thé est une institution. Pas un repas sans ce fameux breuvage qui est bu dans des petites coupelles. Seul hic, contrairement aux thés turc et iranien, ici, il n'est franchement pas terrible... On dirait du foin infusé, (un genre de maté de coca, pour les Nantais qui ont dû y goûter !), mais on a fini par s'y habituer et maintenant on y est accro (enfin, surtout moi, car Lolo préfère les bières). Eh oui ici, même si l'on est toujours en pays musulman, l'alcool ne pose plus de problème. Au contraire, les gens carburent à la vodka et ils ont une sacrée descente.
Dès midi on rencontre régulièrement des gars complétement bourrés et, pour notre grand malheur, les bas-côtés des routes sont jonchés de morceaux de verre qui relancent la malédiction des crevaisons...

Avec tout cela, nous voilà à Samarcande. Nous aimons beaucoup cette ville où les monuments sont tout aussi beaux qu'à Boukhara, mais plus dispersés ; on s'y sent moins enfermés.
Une chose nous a un peu dérangés lorsque l'on visite ces monuments qui sont quand même des lieux religieux : il y a des vendeurs de souvenirs partout. Installés dans les cellules des medressas (écoles coraniques) tout comme dans les mosquées. Un peu comme si, dans nos églises, les confessionnaux devenaient des boutiques.

+ Samarcande aussi, nous rencontrons pas mal de voyageurs. Nous sommes ravis d'y retrouver Anne et Benoît qui terminent un voyage d'un an en sac à dos. C'est amusant comme dans ce pays on se croise et se recroise. Nous les retrouverons encore plus tard à Tashkent, accompagnés d'Alex et Guillaume, eux aussi rencontrés à Samarcande.

Je profite de cette pause pour aller me faire couper les cheveux. Six mois après être passée entre les mains de Fabienne, il en était grand temps !

Corinne, le 14 octobre 2008 à Tashkent, Ouzbékistan.



De Samarcande à Tashkent, du 2 au 5 octobre 2008

C'est plein d'espoir que nous nous dirigeons vers Tashkent. Xavier, un Français rencontré à Samarcande, avait réussi à obtenir un visa chinois dans la capitale. Si lui l'a eu, pourquoi pas nous !

Les paysages sont plus vallonnés par ici, c'est plus sympa.
La densité de population est moins importante, du coup on est un peu plus tranquilles sur la route et surtout, à condition d'attendre que la nuit soit tombée (ici vers 18h30), on arrive à trouver des coins pour planter la tente.
Sur les routes il y a toujours autant de barrages de police ; certains policiers sont très sympas et nous offrent de la pastèque, mais d'autres veulent nous arrêter, on ne sait pas trop pourquoi. Alors on joue les abrutis : quand ils sifflent pour que l'on s'arrête, on leur fait des grands coucous pour leur dire bonjour et quand vraiment ils insistent, on s'arrête pour leur parler en prenant soin de bien bloquer la route. Généralement, quand les voitures se mettent à klaxonner derrière, ils nous laissent repartir...

Dans cette région du monde, les frontières ont été dessinées n'importe comment suite à l'indépendance des pays, ce qui fait que la route directe pour aller de Samarcande (deuxième ville du pays) à Tashkent passe par le Kazakhstan. Tellement concentrés sur notre recherche des petites routes, nous n'y faisons pas attention. Et quand on demande notre chemin dans un petit village, et qu'ils se mettent à nous parler du Kazakhstan, nous ne comprenons pas immédiatement... Encore un beau détour pour rien.

+ environ 80 km de Tashkent, Lolo tombe malade. Toute la journée, il n'était pas en forme et lorsque l'on s'arrête dans un village acheter du pain, il s'écroule sous un petit kiosque et se met à vomir. On ne peut pas repartir et l'on ne nous autorise pas à planter la tente dans le parc du village. Heureusement, le boulanger vient à notre secours et nous installe dans une petite pièce de repos de sa boulangerie. Il nous prépare du thé, m'offre des gâteaux, branche un petit radiateur pour Lolo qui chauffe pas mal (encore une fois il frôle les 39Ý). Et avec tout cela, le lendemain, tout va bien et on peut repartir. Direction Tashkent.



Pour que vous ne fassiez pas une indigestion des aventures de Coco et Lolo, je m'arrête là ; vous aurez la suite lors de notre prochaine mise à jour.
En tout cas, sachez que l'on a deux images panini de plus sur notre passeport, et pas des moindres : un visa kazak et un visa chinois !


Corinne, le 14 octobre 2008 à Tashkent, Ouzbékistan.



Nouvelle opération "visas" à Tashkent du 5 au 15 octobre 2008

Nous voilà arrivés à Tashkent où nous allons devoir recommencer une mission "visas". Nous allons donc devoir y passer plusieurs jours.
En arrivant, on est soulagés, on est très loin de Téhéran : la ville est propre, l'air est respirable, les rues sont de larges artères de 4 à 6 voies où la circulation est fluide et modérée, il y a des feux rouges où les voitures s'arrêtent, il y a plein de parcs... Ça faisait longtemps que l'on n'était pas passés dans une ville qui ressemble autant aux nôtres. D'ailleurs le contraste est saisissant entre la capitale et le reste du pays. La ville est très russe. On se croirait dans un autre monde, bien loin des campagnes avec leurs maisons aux toits de tôle, les toilettes au fond du jardin, et leurs problèmes d'eau. Dans la plupart des villages il n'y a pas de canalisation, les gens conservent l'eau « potable + dans de grands bidons et bien souvent la prennent directement dans les rivières parfois très troubles. On était bien contents d'avoir notre filtre.
Quel contraste également dans la façon de s'habiller. Dans les campagnes, beaucoup de femmes (et même les jeunes) portent les vêtements traditionnels (tunique avec pantalon assorti ou sorte de robe de chambre) alors qu'à Tashkent la mode est plutôt russe pour le plus grand plaisir de Lolo : mini-jupes vraiment mini, talons aiguilles et décolletés vertigineux sont partout.

En plus, nous avons beaucoup de chance, nous rencontrons Igor et sa maman qui nous accueillent chez eux (depuis peu ils gèrent d'ailleurs une chambre d'hôte). Igor est un jeune Russe de 18 ans, passionné de vélo, et qui adore se faire passer pour un touriste.


Nous passons de bons moments avec eux. Au programme : soirée crêpes, shopping dans le bazar pour nous trouver des polaires supplémentaires pour l'hiver (Lolo avait trouvé un chouette manteau, malheureusement trop lourd pour nos sacoches !), balades dans la ville, essai des vélos couchés et surtout COURSE AUX VISAS (durant laquelle Igor nous aide bien en faisant l'interprète).







Et parlons-en des visas.
On nous avait prévenus : pour obtenir les visas chinois, il faut tout un tas de papiers (notamment une réservation de vol aller-retour et une réservation de nuits d'hôtel) et surtout il faut réussir à entrer dans l'ambassade gardée par une bande de policiers complètement corrompus... En plus, l'ambassade n'est ouverte que les lundi, mercredi et vendredi, et de 9h à 12h. Ça s'annonce encore plus compliqué qu'à Téhéran ! ... la suite ici pour ceux que ça intéresse...
Pour le visa kazakh c'est plus simple, heureusement.

Il nous aura quand même fallu une semaine pour faire tout cela, et on n'a même pas eu le temps de se poser. Avant le départ en voyage, on ne pensait pas que ça puisse être si compliqué.
Du coup, on décide de se prendre quelques nuits d'hôtel pour se reposer un peu et avoir quelques enregistrements (en Ouzbékistan les touristes doivent s'enregistrer toutes les nuits en dormant à l'hôtel sous peine d'amende en quittant le pays. Il nous en manque plein, mais on essaie d'en avoir quand même tous les 3-4 jours).
Entre les grasses mat', la soirée resto avec Vince et Marc (un couple de Français voyageant en 4x4 aménagé), la mise à jour du site, les recherches sur Internet pour la suite du voyage et les émissions captivantes à la télé (non, non, vous ne rêvez pas c'est bien Hélène la vraie, celle des garçons !!! Vive le câble !!!) le temps passe vite, très vite. Il est déjà temps de quitter Tashkent et de remonter sur les vélos.



Au fait, pendant cette pause nous avons dû prendre une décision pour la suite du voyage et abandonner l'idée de traverser le Kirghizistan. C'est un pays très montagneux avec plusieurs cols, à près de 4000 mètres, à franchir. Nous avons rencontré plusieurs personnes qui en revenaient et qui nous ont dit que beaucoup de neige était tombée, que certaines routes commençaient à être fermées et que les nomades étaient redescendus dans les vallées. Du coup, la traversée du pays s'annonçait difficile, voire même potentiellement dangeureuse (si une tempête se déclenche lorsque l'on passe un col élevé) et nous n'y aurions pas vu ce dont on rêvait : les yourtes sur des immensités de verdure. Nous avons donc décidé de suivre les conseils d'Hélène et Mathieu, qui ont beaucoup aimé leur passage dans le sud du Kazakhstan, et de partir à la découverte de ce pays.

Et encore une petite chose dont j'avais oublié de vous parler et qui, pour moi, restera une des images les plus marquantes de l'Asie Centrale : les dents en or. Dans cette région du monde, les gens adorent ça et vont même jusqu'à se faire arracher les incisives pour avoir un sourire éclatant !!!

Corinne, le 24 octobre 2008 à Shymkent, Kazakhstan.



Derniers jours en Ouzbékistan, du 16 au 19 octobre 2008

Les visas kazakh et chinois obtenus, plus rien ne nous retient à Tashkent ; avant de passer la frontière pour le Kazakhstan nous faisons un crochet de 3 jours dans les montagnes avoisinant la capitale. Nous redécouvrons ce que la montée d'un col représente d'efforts, mais aussi de joies lorsque son sommet est atteint. Et comme il est agréable de retrouver à nouveau la tranquillité de la majestueuse montagne, ses paysages remplis de couleurs vertes, brunes, ocres, bleues, blanches... Plaisir simple de ramasser les noix tombées de l'arbre, acheter 2-3 pommes aux vendeuses sur un bord de route... Trouver sans difficulté un p'tit coin d'herbe pour installer notre maison mobile... Une tout autre vision de l'Ouzbékistan : jusque là nous pédalions dans des paysages plats essentiellement faits de champs de coton et de rivières bordées de longs villages, et nous étions très rarement seuls.




Le retour vers Tashkent est moins agréable que les pédalées vers les montagnes, celles-ci n'apparaissant plus que comme un petit point dans nos rétroviseurs. Pour nous réconforter nous faisons une halte dans un boui-boui pour y manger de succulents samsa !


Une dernière nuit dans la ville et en route pour le Kazakhstan, sauf que... la tenancière de l'auberge nous apprend que la frontière est fermée aux touristes ! Recherche d'informations : il faut passer par Jallama, 80 kilomètres au sud-ouest de Tashkent, avant de remonter côté kazakh vers notre itinéraire prévu, soit près de 2 jours de détours. La dernière soirée en Ouzbékistan vaut justement le détour, elle est arrosée de thé, bière et vodka (sur la photo les tasses ne sont pas remplies de thé...), accompagnés d'un bon plat à base de pommes de terre préparé par nos hôtes. Nous sommes à 5 minutes de la frontière, demain c'est le Kazakhstan.

Loïc, le 24 octobre 2008 à Shymkent, Kazakhstan.