Mongolie
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Pêche aux infos pratiques
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Dans l'immensité mongole, du 14 mai au 5 juin 2009
Nous prenons place à bord du transmongolien le mercredi 13 mai à 7h45, voiture 15, cabine 6,
pour une trentaine d'heures de voyage.
Apparemment, les touristes ne sont pas autorisés à passer les frontières en 3e (encore un moyen
de nous dépouiller) ; nous voyageons donc en compartiment fermé de quatre, sur des banquettes-lits où l'on peut se tenir autrement
qu'allongés, whaou !
Quoi qu'il en soit, nous ne crachons pas dessus. Buller, de temps en temps, c'est pas mal aussi,
d'autant plus que le premier jour nous avons la cabine juste pour nous deux. Regarder les beaux
paysages entrecoupés des usines chinoises crachant leur charbon, bouquiner, écouter la musique,
manger (petite consolation : les billets de train ont coûté cher, mais les repas du midi et du soir
sont offerts au wagon-resto...), boire du thé, discuter avec nos sympathiques voisins québecois,
dormir... Le temps passe vite, et voilà que nous arrivons vers 20h à Erlian, ville située à la
frontière sino-mongole. À partir de là, cinq heures d'attente avant de repartir : modification des
vérins du train, l'écartement des rails n'étant pas le même en Chine et en Mongolie, et paperasserie
habituelle relative au passage de frontières. Il doit être 1h dans la nuit lorsque le sifflet du chef de quai
retentit, le train se remet enfin en route. Traversée du désert de Gobi.
À 13h15, nous arrivons à Oulan-Bator, et, après deux heures de paperasses dans tous les sens, nous
récupérons nos vélos.
La liberté dans l'immensité des steppes mongoles n'a jamais été aussi proche. Nous sommes
impatients de les parcourir, mais avant il faut s'occuper de la logistique et des formalités
administratives : visas russes, billets de train pour la Russie, choix de l'itinéraire en Mongolie,
et ravitaillement pour quelques jours.
Finalement, nous n'irons pas au lac Baïkal en Russie (trop juste, 21 jours de validité de visa) ; nous
reprendrons le transmongolien directement pour Moscou le 19 juin.
Après tous ces mois passés en Asie du sud-est et en Chine, la Mongolie a une odeur d'aventure et
d'inconnu. Beaucoup de questions à l'esprit...
Trouverons-nous à boire et à manger le long des pistes ? N'allons-nous pas nous perdre ? Pas
trop froid la nuit ? Mon porte-bagages tiendra-t-il le coup sur les mauvais chemins (réparé avec
un manchon-vis-écrous à Pékin !) ? Beaucoup de vent en mai, soufflant vers l'est. Ce serait une
bonne idée de se faire conduire dans l'ouest puis de là, pédaler vers Oulan-Bator. Mais où se
faire déposer, comment, quand et à quel prix ?
Après s'être renseigné à propos des bus et vans, il s'est avéré que les transports mongols
sont plutôt aléatoires, bondés, qu'il y a des risques de vol de bagages (avec nos huit sacoches
et quelques sacs, il y a l'embarras du choix !), et ça ne nous inspire pas trop de voir nos
vélos sur le toit d'un bus, sur les pistes chaotiques.
Nous décidons donc d'alléger notre portefeuille, et louons un van privé avec chauffeur,
direction Tariat, le lac Blanc.
Tout un mic-mac fait que nous passons par une colline surplombant la ville. C'est un des quartiers
périphériques dans lesquelles loge essentiellement la population rurale ayant migré
vers la capitale. Au cours des hivers rigoureux et des sécheresses des dernières années, les bergers sont nombreux
à avoir perdu leurs troupeaux. N'ayant plus de ressources, ils viennent grossir
les bidonvilles en y installant leurs yourtes ; pas d'eau courante, pas de WC, pas d'enlèvement
des ordures. Le rêve de la capitale n'est pas si rose.
Nous arrivons tôt le matin à Tariat, après 12 heures de route. Nous allons nous promener à vélo
le long du lac Blanc. Nous voilà dans le bain : paysages magnifiques, nomades et yourtes sont au
rendez-vous. Après cet échauffement sans les bagages et une bonne nuit de sommeil à Tariat (un tour
de cadran !), nous reprenons notre rythme itinérant, d'une manière bien décontractée puisque nous
ne sommes vraiment pas pressés par le temps.
Ce n'est pas évident de retransmettre par photo la beauté et l'immensité des paysages.
Pour vous donner une idée, c'est un savant mélange d'Auvergne, d'Alpes et d'Irlande, mais à une
tout autre échelle, celle de l'infini. Dans ce décor, il faut planter des yourtes dispersées un
peu partout, telles des champignons blancs, avec les nomades et leurs troupeaux de moutons,
chèvres, vaches, yacks et chevaux. Quelques jolies petites fleurs, des rongeurs trop mignons, et surtout
des aigles, whaou ! Un jour, j'ai été surpris par l'un d'eux, posé au milieu de la piste. Lui aussi a ressenti l'effet
de surprise, il ne pensait pas que j'arrivais si vite ; il a pris son envol à moins de trois mètres
de moi, ça fait bizarre !
Puis, disposés par ci par là, souvent aux sommets des montagnes, des
ovöo, empilements de cailloux, de bois et d'objets divers. Les Mongols y déposent leurs offrandes
aux esprits, croyance animiste.
Le tout sous un ciel bleu, qui n'en finit plus d'être d'un bleu sans fin, à tel point que cela
procure une drôle de sensation si l'on reste le fixer un instant, tête en arrière.
Au niveau climat, c'est très variable selon les jours, le thermomètre peut frôler les 30°C, puis
avoir du mal, le lendemain, à dépasser 7°C. La nuit, la température peut même descendre jusqu'à 0°C.
Pendant que nous étions à Oulan-Bator, il a d'ailleurs neigé...
Nous ressortons gants, bonnets et vêtements chauds.
Nous avons le vent dans le dos, mais pas aussi souvent que nous le pensions. Éole prend un malin
plaisir à nous narguer en changeant de direction !
Il nous arrive de faire comme Sonia (la sœur de Corinne) et son amie londonienne Lise : construire
une cabane, un jour pour nous abriter du vent, un autre jour pour nous cacher du soleil qui tape !
Nos pneus affrontent divers types de revêtements en Mongolie : pistes très roulantes comme sur du
velours (le must), chemins pleins de cailloux, graviers, terre accidentée et très sèche, tôle
ondulée (la piste est formée de vaguelettes), et parfois du bitume, toujours d'excellente qualité (excepté
aux abords de la capitale).
Une ou deux fois, les paysages d'alpages se sont brusquement changés en désert aride et sableux,
en l'espace de quelques kilomètres. La progression devient alors difficile. La méthode est de tenter
un pilotage tout en finesse et, quand ça dérape de trop, il faut envoyer la patate pour
que la roue arrière croche dans le sable. À appuyer comme des malades sur les pédales, les genoux
en prennent un coup... et le dos aussi lorsqu'il faut se rattraper comme on peut ! Avec tout
ça, les chutes sont inévitables mais, à faible allure, rien de méchant ne peut arriver. On pourrait se
croire sur le Dakar, la vitesse et Gérard Holtz en moins.
C'est la première fois que nous roulons autant hors asphalte, nous nous régalons. Même si c'est plus
éprouvant pour les pilotes et le matériel, on s'amuse plus que sur route, et c'est l'aventure !
Nous faisons de superbes campings sauvages, et sur certains chemins, hormis quelques yourtes et
la trace laissée par les rares véhicules à passer dans le coin, il n'y a pas de présence humaine.
Voilà vraiment ce que nous cherchions depuis quelque temps. Nous y sommes !
Nos vélos ont aussi l'air de bien se plaire sur les pistes, bien que ça leur fasse quelques bobos.
La réparation faite en Turquie sur mon porte-bagages lâche dès le premier jour. Je lui fais alors
une attelle avec deux sardines de la tente et un peu de ficelle ; ça tient... Mais il commence
vraiment à avoir une sale tête ! Un de mes rayons casse, côté cassette comme d'habitude. À cause du nouveau moyeu, je n'arrive pas à extraire la cassette, je fais donc tenir le rayon
avec du fil de fer, ça fonctionne... À Oulan-Bator, je ferai le nécessaire.
Dans une chute, le chassis d'une sacoche de Corinne s'abîme un peu plus. Quelques réglages
des attaches et ça repart...
À tout ça, indépendamment de l'état des routes, il faut ajouter les fermetures de la tente,
qui fonctionnent mal, ainsi que notre chargeur de batteries. Heureusement, nos fournisseurs viennent
à la rescousse et nous feront bientôt parvenir des éléments neufs.
Les Mongols ont la réputation de réserver un accueil chaleureux aux voyageurs, et nous le vérifions
souvent au cours de nos journées. Ils sont très curieux et intéressés par notre parcours et par
nos vélos, et prennent le temps de discuter. Notre guide "papier" de conversation mongole est très utile,
et leur plaît beaucoup puisqu'il est utilisable dans les deux sens. Nous passons donc pas mal de
temps à discuter et à faire essayer les vélos. Les rencontres ont lieu le long des routes, mais
aussi le soir lorsque nous sommes installés au bivouac. Plusieurs fois, on nous invite à nous installer
dans la yourte, mais une fois que toutes nos affaires sont déballées, ce n'est plus trop possible.
Alors, c'est nous qui invitons à prendre un thé ou manger un plat de pâtes ! À cette occasion,
une famille très sympa nous offre de la viande séchée, du fromage et du yaourt pour continuer notre chemin !
Nous aussi, nous avons quelques cadeaux dans notre hotte, précisément pour ces moments-là :
échantillons de parfum, stylos et cahiers pour les enfants.
Peut-être apprécient-ils le fait qu'à notre façon, nous sommes aussi des nomades. Ils retrouvent
dans notre attirail la yourte (enfin, je veux dire la tente), le panneau solaire, la réserve
d'eau (souvent remplie par leur soin) et de nourriture, le réchaud (dans la yourte c'est un
poêle).
Après quinze jours de vélo à faire quelques zigs et zags, nous voilà de retour à Oulan-Bator. Le
soir de notre arrivée, nous dégustons une bonne pizza pour nous changer des pâtes et du mouton.
Nous en rêvions depuis plusieurs jours. Pas de chance par contre, le 1er juin est férié, fête
des mères et des enfants, la vente d'alcool est alors interdite ; évaporée la bière-pression que je
comptais boire à la pizzeria :o(
Nous récupérons nos visas russes et nous occupons de nos extensions de visas mongols. C'en est
maintenant terminé de toutes ces démarches administratives pour le reste du voyage, ça va être
bien, l'Europe !
Il nous reste à décider par où pointer la proue de nos vélos pour nos prochains dix jours en Mongolie,
visiter un musée, prendre quelques photos de la ville, et dimanche nous repartons en nomades
sur les pistes, après cinq jours de pause dans la capitale.
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Loïc, le 5 juin 2009 à Oulan-Bator, Mongolie. |
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De la Mongolie, Coco et Lolo en redemandent, du 7 mai au 15 juin 2009
Malgré le ciel noir et menaçant, nous sommes bien contents de quitter Oulan-Bator pour retrouver
la superbe nature mongole et ses nomades. Bon, c'est vrai que quelques heures plus tard sous
le déluge et trempés jusqu'aux os, on est un peu moins ravis, mais pas pour lontemps.
Nous avons une dizaine de jours devant nous durant lesquels nous avons choisi de partir à la
découverte de l'est d'Oulan-Bator : bon choix. A force de tours et de détours sur les petites
pistes nous ne nous sommes pas éloignés de plus de 150 kilomètres de la capitale, mais cela
suffit pour se trouver dans une nature grandiose et bien differente de ce que nous avions vu
auparavant. Cette partie du pays est beaucoup plus montagneuse et surtout plus verte.
Nous commençons par découvrir le parc naturel de Gorkhi Terelj, où l'on se croirait dans le Jura si il
n'y avait pas toutes ces yourtes : montagnes et arbres y forment un paysage magnifique qui
plait beaucoup aux habitants d'Oulan-Bator, nombreux à y venir prendre l'air le week-end.
Une multitude de camps de yourtes s'y sont ainsi installés, ce qui gâche un peu le site.
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Finalement on est aussi bien sur nos pistes. En plus on y fait de chouettes
rencontres. Lorsque l'on plante la tente, il y a toujours un nomade qui habite une yourte pas
très loin, ou bien qui nous a aperçu en rentrant son troupeau, et qui vient nous rendre une
petite visite. Et le voilà qui arrive sur son cheval et qui s'installe. C'est amusant cette
façon qu'ils ont d'arriver et de s'assoir devant notre tente et de prendre le temps de savoir
d'où l'on vient, où l'on va et comment fonctionnent nos sacrés vélos. Après plusieurs mois en
Asie du sud-est où les rapports avec les gens étaient beaucoup plus froids, on en était venus
à se demander si c'était nous qui ne faisions plus assez d'efforts pour communiquer : nous voilà
rassurés ! Avec les Mongols c'est tellement simple de se comprendre, même sans les mots.
Parfois ils nous invitent dans leur yourte et nous font goûter leurs spécialités. Ici tout
tourne autour du bétail : les Mongols se nourissent essentiellement de viande et de produits
laitiers. Au centre de la yourte se trouve le poêle (et comme le bois est une denrée rare, il
est alimenté par les bouses des troupeaux) autour duquel la maitresse de maison s'affaire à
faire bouillir le lait et à le transformer en tous les produits dérivés imaginables : fromages
(qui ensuite ira sécher sur le toit de la yourte jusqu'à devenir dur comme la pierre), beurre,
sorte de crème que l'on étale sur du pain, thé au lait...
Non seulement on goûte à tout cela, mais en plus on repart avec un peu de fromage ou du beurre
qui améliore bien nos plats de pâtes bi-quotidien !
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Et puis on fait aussi des essais de montures : les Mongols sont toujours très curieux de tester
nos vélos, et parfois ils laissent Lolo faire trotinner leur cheval. Mais les selles locales qui
sont très étroites et en bois ne sont vraiment pas faites pour nos fesses habituées au confort de
nos vélos.
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Autre type de rencontre beaucoup moins agréable : les chiens. Chaque yourte en possède au moins
deux ou trois pour monter la garde. Et comme ils ne sont pas mis à contribution pour garder les
troupeaux, pour eux les journées sont longues, alors je ne vous dit pas leur joie et leur enthousiasme
quand ils voient passer deux vélos. ON VA SE LES FAIRE !!! Et voilà ces énormes bestiaux qui arrivent
droit sur nous en aboyant comme des fous en montrant leurs crocs, et qui nous courent après pendant de
longues minutes...
Je déteste ça ! Alors que faire ? Pédaler à fond les ballons pour les semer ? Dans nos rêves,
car sur les pistes sableuses ou pleines de caillasses, même à fond les ballons on ne va pas bien
vite. Faire comme si ils n'étaient pas là en attendant qu'ils en aient marre (technique Lolo) ?
Facile à dire quand on voit leurs énormes gueules à quelques centimètres de nos jambes, ou qu'on
les sent croquer les sacoches.
Au bout de 3 semaines à subir ça 3 fois par jour, j'ai trouvé LA solution. Quand ils s'approchent
trop près, je pile et je leur hurle tout le mal que je pense d'eux (c'est pas joli à entendre).
Déjà ça les calme, et quand je me mets à leur balancer un caillou (hé oui, c'est à ça que ça sert
les poches !), ils ne trouvent plus ça tellement drôle et s'en retournent à la yourte. Hahaha,
et encore ils ont de la chance que je ne sache pas bien viser. Du coup maintenant quand je les entends
arriver, non seulement même pas peur, mais en plus j'en rigole d'avance !
On rencontre aussi parfois un pauvre petit mouton égaré qui a perdu son troupeau (qui
pourtant est à 500 mètres en bas de la descente). Alors comme un mouton c'est un peu bébête
(mais telllement mignon), on le ramène à sa maman !
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Avec tout cela il est déjà le temps de rentrer vers Oulan-Bator. Quand on récupère la route
bitumée avec ses gros 4x4 qui nous doublent à toute vitesse, on est un peu tristes, mais quand
on arrive à Oulan-Bator où c'est moche, où ça pue les pots d'échappements et où les klaxonnes
hurlent...
En tout cas nous avons vraiment adoré ce pays où l'on a trouvé tout ce qui nous manquait depuis
plusieurs mois : une nature magnifique, des gens adorables et avec qui on a beaucoup aimé discuter,
des campings sauvages grandioses et un immense sentiment de liberté.
A tout ceux qui aiment les grands espaces et les vacances en plein air on vous conseille un
tour en Mongolie où avec une tente, un réchaud, un gros duvet bien chaud, un vieux 4x4 russe
et un chauffeur sympa (ou à vélo !), vous passerez de supers vacances.
Quant à nous, vendredi on va battre tous nos records chinois en prenant le train pendant 4 nuits
et 5 jours (à ce stade on parle en jours, plus en heures), direction Moscou !
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Corinne, le 17 juin 2009 à Oulan-Bator, Mongolie. |
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