Turquie
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En route vers Byzance, du 26 juin au 3 juillet 2008

Ça y est nous quittons l'Europe. Nous voilà en Turquie.
En 3 mois de voyage, j'ai enfin compris que dans le pays suivant on trouvera tout ce dont on a besoin et que ce n'est pas la peine de faire le plein de dentifrice, déo, pâtes...

Quelques kilomètres après la frontière nous arrivons à Edirne, et déjà nous nous rendons compte que l'hospitalité turque n'est pas une légende. Pendant que Loïc part à la recherche d'une carte de la Turquie et d'un distributeur, je reste avec les vélos. Un vieux monsieur vient me prêter un tabouret et, lorsque Loïc revient, il nous offre notre premier « çai » (thé) turc...
Ça fait plaisir! Et par la suite ça continue... thé, ayran ( délicieuse boisson turque, un mélange de yaourt, eau et sel, un peu surprenant la première fois mais très bon et rafraîchissant), fruits, légumes... Les gens que l'on rencontre nous offrent un tas de choses, et c'est toujours l'occasion de rester discuter dans un franco-anglo-turc et de faire essayer les vélos...

Ici un groupe de gars travaillant dans une station-service qui nous ont arrêtés pour nous offrir un ayran bien frais !









Avant de quitter la ville nous devons régler un problème technique . Le porte-bagages de Loïc a cassé (rien d'étonnant vu le poids des sacoches et l'état de certaines routes), mais mauvaise surprise : on se rend compte qu'il est en alu ! Nous qui avons choisi des vélos en acier, bien plus lourds que ceux en alu mais qui peuvent être ressoudés n'importe où, voilà que la pièce la plus susceptible de casser est en alu !

Nous passons donc une partie de l'après-midi dans le labyrinthe de bouibouis de ferrailleurs avant de trouver enfin LE gars qui soude de l'alu !
Sauvés ! Mais ça promet pour la suite du voyage !

La route menant d'Edirne à Istanbul est épuisante : des montagnes russes qui montent et descendent au milieu des champs. Le tout sous un soleil de plomb qui fait fondre le bitume de la route... Heureusement par ici il y a du vent, qui nous rafraîchit et nous permet de continuer à rouler même l'après-midi.
Nous apprenons aussi qu'il faut se méfier des indications des Turcs... Ils sont très contents de leurs autoroutes et nous conseillent de les prendre à vélo. « It's the best way for you! »... Bref à les écouter on s'éloigne de la route que l'on avait prévu de suivre et on se retrouve dans une ville où on a le choix entre 130km à faire sur de la 4 voies ou faire demi-tour... Aucun des deux ne nous tente et finalement on choisit de prendre un train.

Nous arrivons donc en plein cœur d'Istanbul en ayant évité de pédaler une journée et demie dans la circulation cauchemardesque de cette mégalopole gigantesque (Cf l'expérience d'autres cyclo voyageurs...).
Ici c'est un joyeux bazar. Voitures,taxis,piétons, vélos... C'est bruyant et animé mais pour une fois ça nous plaît ! On se sent bien dans cette ville très cosmopolite. Ici, les femmes voilées en noir de la tête aux pieds côtoient les sosies de Paris Hilton; à deux pas des grandes enseignes internationales on trouve des p'tits bouibouis et partout dans les rues des vendeurs ambulants qui vendent de tout, des cireurs de chaussures... On arrive à trouver un petit hôtel près de la gare d'où on a vue sur le Bosphore, et de l'air !



Bref, on y est bien et on y reste 4 jours, le temps de se balader dans Sultanahmet, le quartier historique (où l'on se croirait presque dans un conte des 1001 nuits, surtout lorsque l'on visite le palais de Topkapi, avec les trésors du Calife... et des mosaïques à faire rêver Mallocoicoi), d'aller faire un tour sur la rive asiatique dans l'Istanbul moderne, et de flâner dans les énormes bazars, et de visiter les mosquées où l'on a le droit d'entrer (tête couverte pour les filles).

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On doit aussi s'occuper de nos premiers visas, ceux pour aller en Iran, et là, ça se complique, et surtout la note se sale... Comme on n'a pas d'invitation il faut que l'on passe par une agence payante pour faire la demande... Affaire à suivre. On devrait récupérer nos visas a Erzurum.

Avec tout ça le temps est passé bien vite à Istanbul ce qui explique ce petit décalage dans la mise à jour du site.

Pour quitter la ville nous prenons un ferry qui nous amène de l'autre côté de la mer de Marmara.





PS : félicitations à mes deux p'tites sœurs : une bachelière et une aide soignante !



Corinne, le 10 juillet 2008 à Eskisehir.



La route de l'hospitalité, du 4 au 9 juillet 2008

Après une courte traversée de la mer de Marmara nous débarquons à Yalova. Nous voyons bien les montagnes qui nous attendent... La reprise s'annonce difficile. Et pour être difficile elle le sera. Imaginez un genre de 4 voies, où passent des centaines de camions (certains tout beaux tout neufs, d'autres des épaves) qui se doublent entre eux dans tous les sens, qui nous klaxonnent à chaque instant, et une bande d'arrêt d'urgence qui au fil des kilomètres disparaît et se transforme en caillasses dans lesquelles les roues s'enfoncent et dérapent... Bref il faut pousser les vélos, ça grimpe bien, c'est l'horreur...

Et là un couple de motards s'arrête pour nous proposer de l'aide.
Bonne nouvelle dans 500 mètres la route devient meilleure et dans moins de 5km nous serons à Orhangazi, la ville où ils habitent. Nous voilà donc invités à manger chez la maman de Salih, avant d'être embarqués pour un tour en voiture afin d'admirer le coucher du soleil sur le lac depuis les hauteurs, puis nous passons la soirée à discuter avec Salih et Mehtap avant de nous endormir dans un bon lit... Durant la soirée nous nous rendons compte que la vie de ce couple de notre âge est très proche de ce que nous vivons en France. Intérieur à l'occidental, nombreux loisirs...



Le lendemain nous longeons le lac à travers des champs d'oliviers, spécialité de la région. Régulièrement nous voyons des petits groupes électrogènes qui actionnent les systèmes d'irrigation.

Puis les oliviers font place à d'immenses vergers, que nous avons pu voir de près. Car n'ayant pas trouvé de coin pour poser notre tente, nous demandons à Gergîn venu discuter avec nous s'il sait où l'on peut la mettre. Il nous propose son entrepôt de fruits, mais avant nous sommes invités à manger.

Il nous présente donc toute sa famille. Bien loin du mode de vie de Salih et Mehtap, Gergîn vit avec sa femme, ses deux enfants et ses parents, et on sent bien que sa femme est à son service.
Une fois le ventre plein Gergîn nous amène faire le tour de ses vergers, avec dégustation de chaque variété. Pêches, poires, abricots, prunes, ... tout juste cueillis et pleins de vitamines ! Marie on a bien pensé à toi.
Finalement on dormira chez lui, dans un vrai lit. Encore une fois quel accueil !



Par contre dans la nuit, je me découvre une sacrée tourista. Pas moyen de toucher au petit déjeuner qu'ils nous proposent... Gergîn pense que ça vient de ses prunes, et me prépare une petite décoction maison... pas très efficace.
Du coup pas facile de pédaler le ventre vide, surtout que ça monte dur, très dur et très longtemps.
J'écoute les conseils de La Mamounette et carbure au Coca, une bouteille de 2,5 L !!!





Presque arrivés à la ville suivante on n'a rien trouvé pour dormir et on commence à se demander où l'on va passer la nuit, et voilà que l'on rencontre Ismaël. Présentations avec sa femme et ses deux filles et hop nous voilà embarqués dans la Twingo familiale pour une visite de tous les beaux coins de la ville, on mange dans un resto traditionnel turc sous les tentes décorées de tapis et on se boit un thé sur les hauteurs admirant Bilecik by night.
On ne parle pas turc, et eux juste juste quelques mots d'anglais, mais on se débrouille pour se comprendre.


Vraiment l'hospitalité turque n'est pas une légende. Bien sûr en ayant lu les récits d'autres voyageurs on le savait, mais c'est vraiment impressionnant de voir avec quelle spontanéité, quel naturel et quelle facilité cela se fait...
Mais toutes ces soirées qui se terminent à minuit passé plus des journées de vélo derrière c'est épuisant. Aussi on apprécie bien de se poser dans un champ de temps en temps...

Avec tout cela ma diarrhée ne passe pas. On s'arrête donc dans le dispensaire d'un petit village pour voir un médecin. Nous tombons sur une perle.
Rien de très grave mais il me faut des antibiotiques et un examen qu'il faut faire dans une ville plus grande car ici pas de labo. Comme je n'ai rien mangé le matin, le docteur appelle sa mère pour qu'elle me fasse des patates (elle en profite pour nous préparer un festin dont Loïc se régale), puis il nous trouve un mini-bus qui va à la ville qui est à 60 bons kilomètres. Départ seulement 2 heures plus tard, il nous trouve donc une prof de français pour nous faire la causette, nous accompagne à la pharmacie, nous paie le bus et aide même à charger les vélos sur le toit du bus !

Ça c'est de la prise en charge de patient dans sa globalité !!! Merci docteur !

A l'hôpital d'Eskisehir aussi je suis bien accueillie par Mustapha et ses collègues, et comme il faut attendre deux jours pour avoir les résultats, après une nuit passée sous la tente dans le parc de l'hôpital on se fait une journée de pause dans un motel. Les résultats sont bons, on peut repartir.

Corinne, le 16 juillet 2008 à Aksaray.



La route du blé, du 9 au 16 juillet 2008

Nous voilà lancés dans un paysage on ne peut plus monotone... Des champs de blé à perte de vue. Du blé, du blé, encore du blé, toujours du blé...
Va falloir s'y faire c'est 5 jours comme cela qui nous attendent... Et le pire c'est que la route n'est pas plate... Là encore ce sont des vraies montagnes russes...

C'est vraiment impressionnant ces étendues immenses arides, désertiques. Et puis régulièrement un village, une petite ville, au milieu de rien. Quand on passe ces petits villages en plein après-midi, écrasés par la chaleur, déserts, on dirait que le temps s'est arrêté.

Dans cette région on découvre une autre Turquie. Une Turquie où il y a des maisons en terre, une Turquie où les étés sont très chauds et les hivers glaciaux et longs très longs, une Turquie où par manque de travail dans certains villages c'est plus de la moitié des habitants qui est partie travailler en Europe...
Et l'été ils reviennent pour les vacances. Nous avons rencontré plusieurs de ces Belges, Allemands ou Français, toujours prêts à nous offrir un thé ou un coca. Voilà un avantage à visiter la Turquie en juillet : on y trouve des gens qui parlent français et anglais.

Dans cette hostile Anatolie centrale aussi nous rencontrons des gens supers.
Comme ce réparateur de vélo chez qui on s'est arrêtés pour trouver un rétro pour mon vélo ( le mien s'est cassé pendant le trajet en bus) et d'où on est ressortis 2 heures plus tard avec un rétro réparé, un klaxon flambant neuf et l'estomac bien rempli ... tout ça offert !

Comme aussi cette famille de Yunak où l'on a été accueillis comme des rois : thé, repas, biscuits, bon lit douillet, petit déjeuner et même un pique-nique et des cadeaux pour repartir ! En plus Muhammet, le fils, parlait bien anglais ce qui nous a permis de bien discuter avec eux.

Et puis entre deux champs de blé, nous sommes tombés sur des petites merveilles, comme la région de Midas, où loin des circuits touristiques on a pu visiter en toute tranquillité des habitations troglodytes, ou bien des montagnes de roches très, très belles.


Nous avons également croisé nos premiers Kangals. Ce sont des énormes chiens de bergers qui ont des colliers de clous et qui sont terrifiants !

Nous allons maintenant partir à la découverte de la Cappadoce, « petite merveille de l'Anatolie centrale », région bien plus touristique paraît-il.

PS : après Coco et Lolo font du vélo, voilà Mallo et Théo qui ont un p'tit Tino !!! Félicitations !

Corinne, le 16 juillet 2008 à Aksaray.

Quelques autres impressions et anecdotes en vrac, par Lolo...

Des fourmis noires "tentivores", aussi croustillantes que des corn flakes quand on les écrase, ont essayé d'entrer dans la tente pendant la nuit. Elles auraient fini par y arriver si nous avions fait une grasse mat', la moustiquaire rongée en témoigne !

Le désert, ce sont de grandes étendues de blé, mais aussi des steppes de terre plus ou moins sableuse ; des pneus usagés de camion et des canettes rouillées de soda et de bière qui traînent le long de la route, les chiens de prairie (?) qui font les curieux à notre passage, les rapaces qui traquent la chair fraîche, des puits ou des fontaines de temps à autre, et des mini-tornades qui balayent le sol. La nuit nous entendons au loin les meutes de chiens errants...



Les petits villages se succèdent. Tous ne se ressemblent pas, mais une chose ne change pas : les enfants !
"Hello, hello, hello" (une douzaine de fois pour être sûr de bien comprendre), "What is your name ?", "Where are you from ?", ou des fois un tout simple "Nationality ?". Au début de la journée c'est amusant, mais ça devient vite usant. Mais c'est le jeu, et ils sont gentils pour la plupart.
Nous avions lu qu'en Turquie l'enfant est roi. Nous avons pu le constater dans la rue ou lorsque nous sommes invités : jamais une engueulade, encore moins une bonne fessée, les parents essaient toujours d'arrondir les angles. En France ça ne se passerait pas comme ça... même si d'après "les anciens" les choses ont bien changé !

On nous avait déconseillé plusieurs fois de nous engager dans ce fameux "désert" entre Emirdag et Eskil : "y a pas d'eau, on ne trouve pas à manger, c'est le chemin des paysans...". La seule alternative consiste en 3 jours de 4 voies et de nationales, très peu pour nous ! Nous nous y engageons donc... Et plus nous avançons plus on nous dit "pas de problème ici", cool nous pouvons continuer !
De même lorsque nous racontons que nous allons dans l'est de la Turquie, on nous dit parfois "Attention, c'est dangereux, longez plutôt la mer noire" ; ou encore mieux, "Vous êtes fous, vous allez en Iran, chez ces extrémistes ? Jamais de la vie j'y mettrai les pieds !".
Dans les Balkans c'était la même histoire : "Vous êtes sortis vivants de l'Albanie ?", "Comment ça, vous allez en Bulgarie, chez ces voleurs ?".
Comme quoi il n'y a pas qu'en France que les idées reçues ont la tête dure ! Demandez à un Breton ce qu'il pense d'un Vendéen, et inversement !!! ;o)


Pour finir en beauté, un petit film de Coco très fière de ses nouveaux jouets.

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Loïc, le 24 juillet 2008 à Cavusin.

La Cappadoce, du 17 au 25 juillet 2008

Nous n'avions pas de but précis en Turquie (un peu comme dans les autres pays d'ailleurs...), si ce n'est visiter Istanbul et la Cappadoce. Nous y voilà, nous attaquons la Cappadoce par le sud : la vallée d'Ilhara puis la ville souterraine de Derinkuyu, accompagnés par Gorca et Amaia, 2 cyclos espagnols que nous avons rencontrés la 1ère fois à Sultanhami devant le caravansérail, puis à nouveau dans la vallée d'Ilhara. Ils sont très sympathiques, nous passons de bons moments ensemble. Ils passent un mois de vacances en Turquie.

Puis nous continuons juste tous les 2 vers le nord de la Cappadoce, en faisant de petites journées tranquilles. Nous dormons même dans une chambre troglodyte pour exaucer le voeux de Corinne (chut, il faudra pas lui dire que c'était une fausse...).

Arrivés à Cavusin nous plantons la tente pour 4 jours de pause dans un hôtel qui fait aussi camping, pas cher du tout. Repos bien mérité. Au programme : hamac, lecture, manger des graines de tournesol (maintenant que nous savons les ouvrir aussi bien que les Turcs, même Paula s'y est mise - cf photo ci-dessous), cartes postales, mises à jour du carnet de route web, entretien et nettoyage des vélos, petites randos pédestres. Avec tout ça les journées sont bien remplies et passent vite.







Les paysages de Cappadoce sont grandioses ; nous ne sommes pas calés en géologie ni même en théologie, mais toutes ces roches tantôt en forme de pics (voir même des formes plus éloquentes qui plairont à certaines... hein Célinette), tantôt en forme de crème fouettée, ces falaises dans lesquelles se nichent des habitations troglodytes et des églises rupestres, tout cela est très impressionant et nous transporte dans une autre dimension, dans un décor à mi-chemin entre paysage lunaire, grandes falaises à l'américaine et famille pierre à feu.

Nous sommes bien contents d'avoir commencé notre tour par le sud, où ce phénomène d'érosion est plus éparse, et de remonter vers le nord pour être entourés de toutes ces cheminées de fée. Dans l'autre sens nous aurions peut-être été blasés et n'aurions pas profité des paysages de la même manière.

Nous avions pu lire que la Cappadoce était très touristique. Effectivement dans le nord il y a plus de monde, mais c'est très bien réparti entre les différents sites et villages, de ce fait ce n'est pas la foule. Bien sûr il y a plus d'hôtels, de restaurants, de boutiques de souvenirs, et les prix sont plus élevés que dans le reste de la Turquie, mais nous nous attendions franchement à pire, ça aura été une bonne surprise. A noter quand-même que certains enfants se lancent dans le buisness : "money", "bônbôn"... mais rien de méchant, et ils n'insistent pas.

Ce qui est décevant c'est plutôt le comportement de certains touristes, qui lorsque nous les croisons sur les chemins de rando, préfèrent regarder leurs chaussures plutôt que dire bonjour ou au moins faire un p'tit sourire... Peut-être est-ce le début des vacances, ils n'ont pas encore eu le temps de destresser suffisamment !
Heureusement nous croisons des gens formidables, à l'image de cette famille coréenne qui fait un très long voyage avec ses... 6 enfants !!! (sur la photo il manque une de leurs filles) Chapeau bas. Echange de quelques tuyaux puisque nos itinéraires se croisent. Ils ont traversé l'Inde, le Pakistan et l'Iran sans soucis. Ils nous disent que l'Iran est un pays merveilleux. Il faudra expliquer ça aux Turcs !!! Nous avons même eu droit à un repas coréen, miam-miam !



Nous ne trouvons pas tous les soirs des coins suffisamment propices au camping sauvage ; nous avons donc expérimenté ce que l'on nous avait déjà conseillé : planter la tente dans les stations-service. Elles ferment tard, ouvrent tôt, et la personne de service dort en général sur place. Voilà donc un lieu sûr. En plus il arrive que l'on se fasse offrir le thé le soir et le café le matin, et qu'une douche se cache dans les sanitaires. Impeccable !
Juste un petit peu bruyant lorsque les camions, tracteurs et moissonneuses-batteuses passent en fin de soirée... mais on n'a rien sans rien !

Attention, le voyage à vélo n'est pas toujours drôle : nous n'avions plus crevé depuis la sortie de la France, mais le 19 juillet nous avons rattrapé notre retard, 3 crevaisons ! 2 jours plus tard : 1 crevaison et 1 rayon cassé (en fait 2 crevaisons et 2 rustines décollées)... Grâce aux ptits cours de mécanique vélo donnés par Mik avant le départ j'ai réussi à changer le rayon, cassé du côté de la cassette pignons. Voilà les cours mis en pratique !



Bilan : 1 pneu et 2 chambres à air à la poubelle (valves HS, gros trou dans le pneu). Quand ça commence à aller mal, ça ne peut qu'empirer. Et en effet, nous nous apercevons que la roue arrière du vélo de Corinne a beaucoup de jeu, la mienne en a également un peu. Et je ne parle pas du jeu dans mon guidon...
Dommage que nous n'ayons pas eu le temps de bien tester nos vélos avant le départ pour voir ce qui risquait de lâcher ou ce qu'il valait mieux changer.

Loïc, le 24 juillet 2008 à Cavusin.

En route vers l'Anatolie orientale, du 26 juillet au 3 août 2008

Après ces 4 jours de repos, nous quittons le camping en pleine forme... et en réparant ENCORE une crevaison !!!

Et ce n'est qu'un début... les 1ers jours nous passons presque 2 heures quotidiennement à bricoler les vélos. Entre les crevaisons, le tube de chaîne de Loïc qui a un défaut, et le drôle de bruit que fait mon vélo, mon mécano n'en peut plus !!! Mais bon il assure et répare (il a même réparé ma roue qui n'a plus de jeu).





En plus, nous qui pensions en avoir fini avec les champs de blé à perte de vue, nous ne sommes pas déçus... Par ici ce ne sont que d'interminables successions de montagnes couvertes de champs de blé ou de caillasses !!!
Non seulement c'est toujours aussi monotone mais en plus c'est dur, dur, très dur...
On passe des heures à gravir des cols où on arrive épuisés, en espérant à chaque fois trouver un peu de plat derrière, mais non, c'est encore et toujours des montagnes de blé et de caillasses qui nous attendent...


Heureusement y a aussi des supers descentes où on s'amuse bien et où on fait chauffer les compteurs de vitesse. Attention les yeux je suis montée jusqu'à 75km/h et Lolo 81km/h... (mais bien sûr, chères Mamans, nous faisons très, très attention !).


Mais quand même notre pire journée fut le 31 juillet, jour des 29 ans de Lolo (merci à tous ceux qui y ont pensé, même Nividic s'est mis à l'informatique pour l'occasion et a envoyé une carte virtuelle à son patron !). Dans la matinée nous passons une petite ville puis sur presque 70Km plus RIEN. Pas un seul market, ni même une station-service, 2 minuscules villages de traversés, juste de quoi trouver de l'eau...

Du coup Loïc doit dire adieu à sa bière des 29 ans et nous ne pouvons même pas nous faire le resto que la Mamounette nous offre... Pour son repas d'annif il n'a le droit qu'à du pain confiture en plein cagnard... (ben oui, il n'y a que du blé et de la caillasse donc pas d'arbres pour faire de l'ombre...)
En plus j'oublie mon appareil photo là où l'on a mangé et je m'en rends compte 10km plus loin. Loïc va le récupérer en stop mais dans l'histoire il casse ses lunettes de soleil !!!!

Heureusement que nous rencontrons encore tout plein de chouettes Turcs qui nous gâtent et nous remontent le moral en nous offrant du coca bien frais en plein milieu de terribles montées, du thé, des abricots, des légumes...
Nous rencontrons encore des gens qui nous invitent à passer la soirée chez eux et notamment le maire d'un petit village où avait lieu un mariage. Ici pendant 3 jours tout le village fait la fête chaque soir, puis le 4ème jour le marié va chercher son épouse dans son village, et c'est reparti pour une nuit de fête !
Nous y sommes invités et après avoir dîné chez le maire nous passons la soirée au mariage.

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Avec tout cela nous arrivons enfin à Malatya ville où nous avons décidé de nous poser. Mais le repos se mérite et l'entrée dans cette ville de 300 000 habitants est terrible ! Circulation importante avec une énorme côte où les camions-épaves peinent et nous crachent tous leurs pots d'échappement à la figure...
On finit tout de même par atteindre le centre où nous nous trouvons un petit hôtel. OUF!!!
Nous abandonnons bagages et vélos à l'hôtel pour participer à... une excursion organisée... Eh oui ! Nous ne voulons pas louper le lever et le coucher du soleil depuis le Nemerut Dagi. C'est une montagne (entourée de plein d'autres) où Antiochos 1er s'est fait construire un gigantesque tombeau à 2150m d'altitude.


Comme la route pour y aller était très difficile avec des dénivelés très importants, nous avons décidé de passer par l'office de tourisme de Malatya qui organise une excursion sur 2 jours.

Pendant cette excursion nous rencontrons Brigitte et Max, un couple de profs très sympathiques. Max étant un fan de vélo, de retour à Malatya nous lui faisons essayer le vélo couché, suivi d'un apéro !

En tout cas un grand merci au papa et à la maman de Loïc, qui pour son anniversaire nous ont offert cette mémorable sortie.





PS aux footballeurs !!!
Quelqu'un pourrait-il faire un petit cours sur les joueurs français à Loïc ? Ici les gens sont fous de foot et quand on leur dit que l'on vient de France, tout contents ils nous disent « Djorkaeff, Makelélé, ou Riberri » et le pauvre Lolo, lui, il comprend rien... Y a que Zidane qu'il connaît !!!

Corinne, le 3 août 2008 à Malatya.



Anatolie orientale - suite, du 4 au 15 août 2008

Nous quittons Malatya à midi, en route vers Erzurum. Nous sommes un peu déçus de voir que les paysages ne changent toujours pas, surtout que ça ne défile pas bien vite à vélo... Nous longeons tout de même un lac, c'est agréable, et d'une certaine manière reposant de pouvoir plonger son regard sur cette vaste étendue d'eau. L'air n'en est pour autant pas plus frais, et le thermomètre tourne autour des 40°C ; dans ces conditions il devient difficile, au sommet des côtes, de conserver ne serait-ce qu'un cm² de chemise sèche !

Tout cela est cependant vite oublié dès que nous sommes en présence des Turcs : au nord, au sud, à l'ouest, à l'est, ils sont toujours aussi gentils avec nous ! Nous sommes cette fois-ci invités à passer la nuit dans un appartement de fonction d'un dispensaire.





Vite oublié, mais aussi vite à nouveau à l'esprit lorsque nous remontons sur les vélos : la chaleur qui me rend patraque, le relief et les longs paysages monotones ont raison de ma motivation. D'autant plus que depuis quelques jours nos estomacs ne sont pas très nets... A Elazig nous décidons donc de prendre un car pour joindre Erzurum, distante de 300 km. Corinne est un peu déçue, c'est la 1ère fois que nous "trichons" vraiment, mais en même temps pas mécontente d'accélérer un peu le changement... Nous espérons trouver après Erzurum des températures "plus clémentes" et de nouveaux paysages.
Après coup, en lisant les carnets de route de plusieurs autres voyageurs à vélo, nous nous apercevons que nous ne sommes pas les seuls à souffrir de la chaleur, et à avoir recours à une aide motorisée, c'est rassurant ! D'ailleurs, pour certains, c'est bien pire puisque le thermomètre atteint les 50°C.

Il est 13h lorsque nous arrivons à la gare routière. Le car de midi est déjà parti, les prochains sont à 23h et minuit ! Nous prenons donc notre mal en patience ; démonstration et essais des vélos, explications à propos du voyage, réponses aux questions "que pensons-nous des Turcs et de la Turquie ?", dégustation de thé, etc.
L'heure du départ arrive enfin ; le bus nous dépose à Erzurum vers 4-5h du matin, et nous terminons la nuit sur les bancs de la gare.

Erzurum est à 1850m d'altitude ; nous y trouvons ce que nous cherchions : moins de chaleur. Nous avons même de la pluie ! Ça y est, je me sens mieux.

La ville est un mélange de logements très pauvres qui tiennent à peine debout, et d'immeubles bien plus riches. L'artère principale est animée : petits marchands de bric-à-brac, cireurs de chaussures, vendeurs de fruits et légumes, maïs grillé... Les rues voisines c'est autre chose : sale et tristounet. A Erzurum le tchador est très présent (les femmes sont en noir, de la tête aux pieds).




En une journée nous obtenons nos visas iraniens (après avoir donné le code fourni par l'agence). C'est allé plus vite que ce que nous pensions.
Nous restons tout de même plusieurs jours dans la ville, le temps de nous reposer ; Corinne s'équipe pour être vêtue selon les règles en vigueur en Iran : voile et tunique.



A Erzurum nous commençons à être saturés de cuisine turque, délicieuse mais décidément trop grasse. Humer les effluves de kebab qui se dégagent des petites échoppes en plein après-midi me donne presque envie de vomir. Allez, c'est décidé, demain on passe au hamburger...

Nous quittons Erzurum re-motivés, avec le plein d'énergie. Comme quoi il faut savoir écouter son corps de temps en temps...
La reprise est cool. Les paysages ont changé, toujours de la montagne, mais différente, une nouvelle palette de couleurs. Ça monte nettement moins, c'est même souvent plat, et les températures sont plus acceptables.

Mais une pluie battante et des bourrasques de vent s'abattent soudainement sur nous, nous remettant à l'esprit la traversée pluvieuse de la France ; les vestes sont de sortie. Heureusement nous trouvons un abri à temps, dans une station-services. C'est la fin d'après-midi, nous y plantons la tente.





Nous sommes toujours chaleureusement accueillis dans ces stations ; discussions autour d'un thé, essais des vélos, séance photo... C'est même parfois très drôle, par exemple lorsque nous décidons d'acheter de l'essence pour notre réchaud, et qu'un attroupement se forme autour des vélos pour chercher où se cache le moteur !

Nous poursuivons vers Igdir sur une route somptueuse, longeant la rivière Aras Nehri et passant à travers de belles montagnes, certaines zébrées, ou d'autres sur lesquelles nous apercevons quelques cheminées de fées et des habitations troglodytes. La Cappadoce est pourtant bien loin maintenant !


Nous sentons que nous sommes bien arrivés dans l'est, la population n'est pas tout à fait la même, les villages et les villes ont changé. Ça semble plus désorganisé, plus pauvre aussi. Dans certains villages les maisons sont en terre.
Des postes de contrôle militaire fleurissent sur la route, avec à l'appui un ou deux blindés. Un simple contrôle d'identité, un sourire et ça repart. Présence militaire également dans les villes.

Déjà avant Dogubayazit nous voyons des plaques d'immatriculation en farsi (langue officielle iranienne), l'Iran n'est plus loin !

Nous gravissons le seul col qui sépare Erzurum de la frontière iranienne. Après en avoir bien bavé pendant l'après-midi, une camionnette stoppe devant nous, et le conducteur nous propose de nous emmener jusqu'à Dogubayazit, à une vingtaine de kilomètres. Nous hésitons, puis acceptons finalement ! Mais nous déchantons en voyant qu'il ne restait plus qu'un kilomètre de montée, nous aurions pu le faire facilement à vélos. Nous arrivons sur un grand plateau verdoyant sur lequel la ville est posée. Notre conducteur nous fait le plaisir de continuer jusqu'au palais d'Ishak Pasha, sur les hauteurs surplombant la ville ; son aide est, tout compte fait, la bienvenue ! Par contre, nous tombons en période de pleine rénovation. La visite nous laisse tout de même imaginer quel magnifique palace cela devait être.


Le lendemain nous redescendons sur Dogubayazit pour échanger des Euros contre des Rials. Depuis le départ, c'est dans cette ville que nous aurons été le plus ennuyés par les enfants, infernaux !

Nous arrivons seulement à 17h à la frontière, soit 18h30 à l'heure iranienne. Ne voulant pas entamer notre visa juste pour quelques heures, nous plantons la tente entre la Turquie et l'Iran. Je profite ainsi des bières en "duty-free", sans doute les dernières avant un bon moment !

Nous nous présentons le lendemain au poste frontière iranien, Corinne revêtue de sa nouvelle tenue (merci, Geneviève, pour la tunique plus légère !).





Tout au long de notre séjour en Turquie, nous avons appris énormément des Turcs au niveau sociabilité : contact facile, accueil chaleureux, hospitalité, générosité, curiosité, toujours prêts à rendre service... prenons-en de la graine !


Loïc, le 25 août 2008 à Teheran, Iran.