Kazakhstan
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Plaisir de rouler au Kazakhstan... mais dans un cul-de-sac ! Du 20 octobre au 5 novembre 2008

Nous voici au pays des chevaux ! Ça faisait bien longtemps que nous n'en avions pas vu autant : dans les prés en train de brouter, montés par les cow-boys kazakhs, ou encore dans les remorques de camion où ils tiennent à quatre dans la largeur. Certains ont les deux jambes avant liées pour éviter qu'ils ne s'enfuient, du coup ça leur fait une démarche plutôt ridicule, les pauvres... et même sort pour les ânes !
En revanche, pas de vélo par ici, mais il faut dire que dans le sud du Kazakhstan ça n'arrête pas de monter et descendre.

Dès la première nuit dans le pays, nous sommes invités à manger et dormir : nous avons été surpris à planter la tente derrière les maisons, "mais quelle drôle d'idée voyons, venez plutôt chez nous" (je ne comprends ni le russe ni le kazakh, mais en gros c'était ça...). Une fois dans le jardin, je monte vite fait la tente avant que notre hôte n'insiste trop pour nous faire dormir dans la maison... Avant notre départ en voyage, nous n'aurions jamais pensé que l'on puisse refuser une telle invitation, seulement voilà, des fois trop c'est trop, nous avons aussi besoin de nous sentir un peu chez nous. Être invités est, bien sûr, très agréable, on apprend toujours de nouvelles choses, on voit comment les gens vivent... Et on fait aussi l'animation : raconter le voyage en s'aidant de cartes routières, de photos, expliquer la vie dans notre pays, montrer notre petit album photos de France. Il y a souvent la barrière de la langue, mais on s'en sort toujours avec les gestes, le traditionnel papier/crayon et notre petit imagier. Bref, tout ça est fort plaisant mais demande aussi une bonne dose d'énergie que l'on n'a plus forcément tous les soirs ! Bon, au final, ce soir-là, nous mangeons quand même avec la famille, et passons la soirée ensemble... puis rentrons chez nous dormir !
Bien entendu, nous n'arrivons jamais les mains dans les poches chez nos hôtes : nous avons toujours un paquet de pâtes, du pain ou des biscuits à offrir (et aussi de la bière, mais c'est très rare !). Mais bien souvent, le lendemain, nous repartons avec un partie de ce que nous avions apporté et parfois plus : fruits, bonbons et même, de temps en temps, de quoi faire le repas du midi !

Nous faisons une pause à Shymkent, deux jours après avoir franchi la frontière. La ville n'a rien de spécial mais n'est pas désagréable, et plutôt animée avec son bazar. Les klaxons citadins sont par contre pires qu'en Iran où les conducteurs se contentaient de donner des petits coups d'avertisseur juste pour dire "attention je suis là et je fais n'importe quoi". Ici, ce sont de longs coups de klaxon bien insistants qui signifient "alors tu vas le bouger ton tas de ferraille ?". La médaille revient d'ailleurs aux chauffeurs de bus, ce sont les champions. Ne jamais prendre de chambre d'hôtel qui donne sur un rond-point autour duquel les chauffeurs s'en donnent à cœur joie : on croirait entendre les coups de corne de brume des gros cargos !

De nouveau sur les routes, nous passons à côté d'un pont à bascule. Je me dis qu'il serait intéressant de connaître le poids de nos vélos chargés. En fait c'est un poste de police ; le policier me dit que nous ne pouvons pas utiliser le pont, mais que par contre il souhaiterait nous escorter... non je blague ! Nous discutons et, au bout de quelques minutes, nous nous retrouvons entourés de cinq policiers, à rire, à nous amuser avec nos petits talkies-walkies ; il y en a même un qui me demande, dans le creux de l'oreille, si je n'ai pas des photos érotiques de France !
L'autre matin, un "Good morning" m'a sorti de mes songes : c'était une voiture de police qui passait avec son haut-parleur... mais toujours pas d'escorte, ouf !

Dernièrement, nous avions besoin de matériel pour les vélos : des câbles de dérailleur et une pédale (celle de Corinne se bloque). Dans ces pays, peu de marchands de cycles ; c'est au bazar que tout se trouve, entre le "stand" matériel pour cheval et celui de la plomberie. Bien plus folklo que les magasins conventionnels, j'apprécie (n'empêche que je serais bien content de trouver un vrai magasin à Almaty pour dénicher du bon matériel...) ! J'achète le tout avec l'argent que l'on nous a donné sur la route : la veille, une voiture s'est arrêtée, et on nous a tendu l'équivalent de quelques euros en monnaie locale (de quoi bien manger à deux). Nous avons refusé trois fois (coutume iranienne ;o)), puis avons fini par accepter. Ben oui, nous n'allions pas non plus les supplier à genoux de garder leur argent, et puisque ça leur fait plaisir, alors à nous aussi !!! Et rebelote deux jours plus tard !

Sur les petites routes, nous trouvons enfin ce que nous cherchions en Asie Centrale : peu de voitures, des grandes steppes vallonnées sur lesquelles sont posés chevaux, ânes, vaches et moutons, quelques petits villages et leurs villageois et, en arrière-plan, les montagnes aux sommets enneigés. C'est juste dommage qu'après le passage de l'été au soleil dévastateur, les teintes virent plutôt vers le jaune que vers un vert bien gras.
Depuis quelques jours, l'hiver s'installe vraiment et les températures chutent. Le vent est glacial et le ciel souvent gris ces jours-ci, la pluie n'est pas rare. Nous pédalons souvent par 6-7°C et, lorsque nous nous arrêtons, nous enfilons vite un polaire supplémentaire. Le soir, après manger, nous nous précipitons dans les duvets et n'en bougeons plus ! Mais peu importe, nous sommes ravis de pédaler sur ces routes perdues au milieu des grands espaces, de pouvoir emprunter les chemins qui longent les rivières à travers les montagnes... le pied quoi !



Ouais, le "panard", sauf que ces petites routes ne mènent finalement nulle part, ou plutôt si : à Bayzanzhay, village fantôme mais encore habité. Ambiance glauque post-apocalyptique, village entièrement en ruines ; des maisons, ou plutôt des abris sont reconstruits avec des bouts de tôle. Pas moyen de tirer ici la moindre explication, ni même, ultérieurement, dans d'autres villages. Le cas Bayzanzhay reste pour nous un mystère ! Nous continuons à escalader la piste, les petits hameaux en amont du village sont aussi détruits. Ne reste plus là que l'abri d'un berger : celui-ci nous apprend que la route tracée sur notre carte n'existe plus. À moins de porter nos vélos sur au moins cinq kilomètres, nous sommes bons pour faire demi-tour !

Ok, rebroussons chemin ! Nous emprunterons notre itinéraire bis, ça aura tout de même été quarante kilomètres de piste agréable, positivons...
Nous avions encore le moral jusqu'à ce que l'on nous apprenne, de retour au village de Zhariqbas, que notre plan B n'est pas non plus valable : la route se transforme plus loin en sentier montagneux, avec de la caillasse, puis de la glaise sur vingt kilomètres. En VTT pas trop de problèmes, mais avec des vélos avoisinant les cinquante kilos, c'est tout de suite moins drôle... surtout vu toute la flotte qui est tombée ces derniers jours. Nous hésitons et, dépités, décidons de faire la route en sens inverse. Quarante kilomètres qui ne nous auront avancés en rien dans la direction d'Almaty.
Le retour à l'axe principal ne nous fait finalement pas regretter notre escapade dans le fin fond du Kazakhstan : Bayzanzhay restera gravé dans nos mémoires, et il était bien plus agréable de rouler par là-bas que parmi la circulation de la route nationale.
Nos journées ont été tronquées quotidiennement ; chaque matin un nouveau problème, ce n'est plus la loi des séries mais une malédiction ou un mauvais sort ! Tout y passe : crevaisons, problèmes avec mon câble de dérailleur avant, rupture d'une fixation de sacoche, pédale bloquée, grosse averse de pluie... Nous avons dû prendre le bus pour rattraper le retard, sans quoi nous ne serions pas arrivés à Almaty à temps (toujours ces histoires de visa : nous devons quitter le Kazakhstan au plus tard le 17 novembre) pour faire un tour au Charyn canyon à environ 200 kilomètres d'Almaty.

Au fait, félicitations à David et Patricia : bienvenue au petit Elouan qui est arrivé le 19 octobre ! Et bravo pour avoir fini de retaper la ferme à temps !

Loïc, le 5 novembre 2008 à Almaty, Kazakhstan.


Coco et Lolo descendent de vélo, du 5 au 12 novembre 2008

Le choix de prendre un bus pour relier Taraz à Almaty était une bonne idée. Même s'il faisait nuit on pouvait se rendre compte que la route était toujours aussi étroite et passante, même à cette heure tardive. Nous avons ainsi évité 500 Km pénibles et dangereux.

Après une nuit pliés en 4 dans un vieux bus français comme il y en a beaucoup en Asie centrale, nous arrivons au petit matin à Almaty. Ici, plus moyen de terminer sa nuit sur les bancs de la gare routière comme en Iran, il fait trop froid.
On décide donc d'aller se prendre un p'tit déj, au chaud, dans le café de la gare en attendant qu'il fasse jour pour rouler. Pour cela il faut monter une petite rampe. Fastoche me direz-vous ! Un peu moins avec un vélo de plus de 50 kg : il y a intérêt à prendre son élan. Et voilà Lolo mal réveillé qui pousse son vélo de toutes ses forces... une sacoche dans la barrière de la rampe...
La sacoche éclate et le système de fixation est en piteux état.
Alors vous, de France, vous vous dites sûrement, « c'est juste une sacoche, ça se remplace ! ». Sauf qu'en Asie centrale c'est pas évident à trouver et surtout ça donne un coup au moral : tous les projets formés, toute la doc réunie depuis un an et demi tiennent dedans. Alors la voir béante...
Heureusement on arrive à réparer tout cela : un monsieur nous déniche un maroquinier au top qui la recoud comme neuve et, avec quelques coups de perceuse et des vis, on arrange les systèmes de fixation.


Bref, nous sommes donc à Almaty, et ici encore l'Asie centrale nous dévoile une facette que l'on n'imagine pas depuis la France. Bien loin des nomades et des vastes étendues, nous découvrons une ville moderne et très occidentale où les immeubles soviétiques côtoient des bâtiments à l'architecture futuriste digne du centre londonien. Il y a même des supermarchés où tous les prix sont indiqués et où l'on peut choisir une bouteille de jus de fruit parmi au moins 20 sortes... On n'avait pas vu ça depuis longtemps.
Des prix comme cela non plus, on n'en avait pas vu depuis plusieurs mois. Ici, tout est aussi cher que chez nous...


Après avoir rencontré pas mal de voyageurs pratiquant le couchsurfing, nous décidons d'essayer. Nous rencontrons ainsi Eugène, Dan, Ben et Jonty instituteurs expatriés qui vivent en colocation. Ils nous ouvrent grand les portes de leur maison où nous partageons une chambre avec Bastien, un autre cyclotouriste français en quête de visa russe. On s'y sent comme chez nous. Tellement bien qu'on y restera 5 jours.

Il faut dire que, quand on ne pédale pas, le temps passe vite, et on a du boulot : réparation des sacoches, câbles/gaines des vélos qui se font vieux et qu'il faut changer, écriture des cartes postales, site Internet à mettre à jour, infos sur les pays suivants à rechercher (on a pris de mauvaises habitudes à Tashkent avec les canapés du luxueux Ouzbékistan Hotel d'où on captait la wifi, alors à Almaty on fait pareil au Kazakhstan Hotel !). Et dans un pays où tout est écrit en russe et où peu de gens parlent anglais... ça prend du temps.

Du coup nous sommes un peu juste pour aller, comme prévu, voir le Charyn canyon à 250 km d'Almaty. On prévoit donc d'aller jusqu'à un lac plus proche, au nord d'Almaty.


Mais un matin, lorsque l'on se réveille, tout est blanc. À partir de ce jour-là les températures chutent encore et ça devient carrément glacial au point qu'en effectuant les 6 kilomètres qui séparent la maison de nos hôtes du centre, nos freins gèlent... On laisse donc tomber l'idée du lac, qui se situe dans la montagne. Des freins qui gèlent en pleine descente, on préfère éviter.
On reste visiter Almaty, bien différente sous son manteau blanc. Pour nous ça a un petit air de Noël ! Lolo en aurait bien profité pour aller faire un tour sur les pistes de ski qui surplombent la ville, mais comme tout ici, c'est hors de prix.
Nous quitterons donc le Kazakhstan quelques jours avant l'échéance de notre visa.



Après presque 8 mois sur les routes, et pas loin de 10.000 km au compteur, nous voilà donc aux portes de la Chine. Même si on a triché un peu avec quelques coups de bus ou de train (au total 2500 km), on est très fiers d'être arrivés jusque là avec nos chers vélos.
Ce pays va marquer un tournant dans notre voyage. À cause des conditions climatiques (hiver trop rude pour vivre sous la tente) et de l'immensité du pays, nous avions décidé de le traverser en train.
Pour la première fois depuis que nous sommes partis nous n'allons pas voir les paysages se dérouler progressivement et les gens changer au fur et à mesure, ni visiter ce pays de l'intérieur en découvrant ses campagnes, mais il faut faire des choix et cela nous permettra de découvrir l'Asie du sud-est à la bonne saison.

Notre future traversée de la Chine est pour le moment un grand mystère. On ne sait pas du tout ce qui nous y attend. Pour les autres pays c'était plus simple, on savait que l'on devait pédaler pour rejoindre le pays suivant en faisant plus ou moins de détours pour visiter les sites intéressants.
Mais là, pas de vélo et au contraire, plutôt des solutions à prévoir pour qu'ils puissent voyager avec nous ; surtout dans un pays où peu de gens parlent anglais et où la communication semble difficile !



Quand il faut y aller, faut y aller. Et de bonne heure en plus ! Notre bus vers l'inconnu part à 7 heures. Comme il fait très froid et qu'il a neigé la veille, on traverse Almaty à 5 heures du mat' et nos freins regèlent : heureusement c'est plat ! Drôle d'ambiance dans les rues presque désertes : des chiens errants partout, des bouches d'égout fumantes, et les piétons emmitouflés dans leurs gros blousons, avec leurs bonnets vissés sur la tête, ont des airs de gros méchants...
A défaut de pédaler sur des vélos couchés, nous nous lançons pour 24 heures de trajet dans un car... couché ! Chacun à son petit lit, comme dans un manège, et les 4 du fond, dont nous sommes, se partagent un genre de grand lit. Oreiller, couverture et pauses très régulières. On est bien, malgré le bitume pourri qui secoue le car et les vélos dans tous les sens (ça bouge tellement que l'on ne peut pas lire).
Dommage que l'on n'ait pas pu rouler sur cette route. Peu de passage, paysages superbes.

Nous arrivons à la frontière. Il faut que l'on décharge nos vélos du car. Encore une fois c'est une sacrée pagaille au poste de douane. Chacun essaie de passer devant, et la seule solution que l'on trouve pour réussir à garder notre place c'est d'envoyer nos dérailleurs avant, pleins de graisse, tout près des vêtements des grugeurs... On doit remplir des papiers qui ne servent à rien et on ne sait pas à quel bureau il faut s'arrêter ou pas ; alors on trace tout droit.

Côté chinois quel contraste ! Le bâtiment est organisé, avec des panneaux sous-titrés en anglais qui expliquent où il faut aller. Les douaniers sont souriants et nous accueillent par des « Welcome in China »... et le plus amusant c'est de voir tous les excités de tout à l'heure se ranger bien sagement à la queue leu leu. Et gare à celui qui ose dépasser un peu du rang : un douanier vient le rappeler à l'ordre.
Nous, on est bien sages, comme d'habitude, et nos passeports sont tamponnés : ÇA Y EST, ON EST EN CHINE !

Corinne, le 14 novembre 2008 à Ürümqi, Chine.