Iran
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1ère semaine en République islamique, du 16 au 21 août 2008

L'Iran, ça y est, nous y sommes!
Ce pays qui nous paraissait si lointain il y a quelques mois, nous l'avons atteint à la force du mollet !
Le passage de la frontière se passe très bien. On rencontre même un Iranien vivant en France : déjà le ton est donné et on comprend qu'ici les dirigeants politiques sont loin de faire l'unanimité.

Nous nous dirigeons vers Maku, drôle de ville, très étroite mais s'étendant sur des kilomètres et encaissée entre deux falaises. Nous goûtons aux joies de la circulation en Iran.

Dire qu'ils conduisent mal est peu dire. Ce sont de vrais kamikazes qui doublent n'importe comment et l'apothéose c'est quand même en ville... Chacun s'arrête où il veut, redémarre sans prévenir et sans clignotants et il y a des motos 125 cm3 par dizaines qui slaloment dans tout ça... Mais ça passe ; on prend vite le pli et on fait comme eux, on y va franco.

Après quelques kilomètres, nous voilà invités à boire notre premier thé dans une chaykhuneh, maison où l'on boit le chay et où l'on fume le qalyan (narguilé).
Mais attention, à chaque pays sa façon de le boire. Ici, les tasses sont plus grandes, et l'on met le sucre directement entre les dents où il fond avec les gorgées de thé. Tout un art !




Nous n'en avons pas fini avec les montagnes arides et désertiques, aux villages très éloignés les uns des autres. Ici aussi nous devons pédaler sous le soleil et avec le vent dans la figure. Heureusement, le soir venu, dans un petit village, nous nous faisons inviter.
Nous découvrons avec surprise l'intérieur des maisons iraniennes. D'immenses pièces complètement vides de meuble et couvertes de tapis, qui servent de salon et de chambre selon les heures.
Nous goûtons au plat du pays, l'abgusht : une sorte de ragoût avec patates, viande, carottes et pois chiches dont le jus est d'abord servi comme soupe dans laquelle on met du pain à tremper.
Cette première journée en Iran nous permet de nous rendre compte que ce pays est bien plus pauvre que la Turquie.


Nous nous rendons aussi vite compte que la logique dans ce pays c'est un peu "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué". Exemple concret, la monnaie. Ici c'est le rial. 1 euro = 14 000 rials ( et comme les plus gros billets sont de 20 000 et 50 000 rials, on a vite de sacrées liasses entre les mains). Mais dans les commerces, les vendeurs énoncent le prix en tomans (1 euro= 1400 tomans), par contre quand il y a des prix affichés c'est en rials...


Nous continuons notre chemin sur les routes iraniennes. Ce qui est bien, par ici, c'est que cette partie du pays semble constituée de grandes cuvettes au fond bien plat avec de temps en temps une montagne à gravir pour retrouver du plat.
Les rencontres sont aussi chaleureuses qu'en Turquie, et les gens toujours prêts à nous aider. Nous sommes impressionnés par le temps qu'ils nous consacrent.

Nous passons à nouveau une nuit dans un dispensaire, du Croissant rouge cette fois. Les Iraniens sont toujours très intéressés par ce qui vient de l'étranger et nous posent mille questions sur notre pays, la façon dont il est gouverné et comparent cela à ce qui se passe chez eux. Ce soir, la barrière de la langue nous empêche d'avoir des échanges aussi riches mais nous trouvons la solution pour les faire voyager : les photos. Trois cartes-mémoires y passent !



Par contre, la roue de Loïc est très voilée, sans doute suite à de mauvais nids de poules ; impossible de la dévoiler simplement en réglant les rayons. Elle finit même par se fissurer, et la chambre à air n'arrête pas de crever. L'apprenti mécano à beau essayer de consolider le tout pour arriver jusqu'à Tabriz, rien n'y fait. De sympathiques Français en fourgon nous donnent un coup de main, mais ce n'est pas mieux. Nous nous retrouvons donc à une centaine de kilomètres de Tabriz à faire du stop. Une petite fourgonnette s'arrête et nous propose de nous déposer à Marand. Et là, commence une après-midi infernale...

Nous voilà donc dans Marand, petite ville où les touristes sont très, très, très rares, poussant nos vélos ( à cause de la roue folle de Lolo), à la recherche d'un bon endroit pour faire du stop quand deux flics remarquent la roue crevée. Ils veulent à tout prix nous aider et appellent les mécanos du coin. Voilà donc au moins dix personnes qui cherchent une solution. Un gars emmène Loïc sur sa moto à un magasin de vélos (impressions du pauvre Lolo : « Je tombe sur un pilote complètement fêlé, plusieurs fois je crois que je vais trépasser, ou tout au moins y laisser un genou ou un bout de bras, pris en sandwich entre un bus et un taxi, en contresens bien sûr – c'est à peine exagéré !), mais finalement celui-ci est fermé. Nous en profitons pour nous éclipser et aller faire du stop.
Une voiture s'arrête : elle ne va pas à Tabriz. Mais le conducteur veut nous aider. Rapidement il y a une bonne dizaine de personnes autour de nous : elles veulent absolument nous conduire dans le centre de Marand pour nous réparer la roue. On a beau leur expliquer que la jante est à changer et qu'il nous en faut une neuve, de qualité, elles veulent toutes que l'on aille dans leur ville.
On retente notre chance un peu plus loin, mais rebelotte, c'est la même histoire. Un gars fait même venir un de ses amis qui parle anglais. On finit par abandonner et on les suit. Lolo va donc dans un autre magasin de vélos avec sa roue, sur une autre moto, pendant que je fais l'animation du jour, près de la gare routière.
Il revient bredouille. Le vendeur a seulement réussi à lui faire une réparation de fortune qui devrait lui permettre d'entrer dans Tabriz et Téhéran SUR son vélo.

Tout cela montre bien comme les Iraniens sont prêts à se plier en quatre pour nous aider ; cependant l'insistance et les attroupements sont parfois épuisants...

Avec tout ça, il est déjà 18h, et nous devons chercher un hôtel. Même pas le temps de demander où il y en a, un chauffeur de bus qui parle parfaitement anglais nous invite chez lui. Nous rencontrons sa femme et son fils, qui adore mon casque.
Au programme de la soirée, festin, petit tour dans le centre "by night", dégustation d'une pastèque (les Iraniens aiment pique-niquer, et nos hôtes nous emmènent la manger sur un coin d'herbe... entre deux gros axes routiers de la ville).





Lors des essais de vélos, nous nous rendons compte du poids qui pèse sur la femme iranienne. Notre hôte essaie le vélo, puis quand vient le tour de sa femme, ils vérifent d'abord que la ruelle est bien déserte. Au bout de 30 secondes on entend des pas, aussitôt elle descend... Comme il nous l'explique, dans les petites villes et villages, au delà de la vigilance des mollahs concernant la tenue et le comportement des femmes, il y a aussi toute la pression sociale qui fait que si elle ne respectait pas les règles, elle s'attirerait une mauvaise réputation et serait de toute façon rappelée à l'ordre par les voisins ou les passants.
Pour ma part, contrairement à ce que je craignais, tout se passe bien. Evidemment, je dois me couvrir la tête et porter une tunique mais, dans mes rapports aux hommes, pas de différences notables avec la Turquie.

Le lendemain, nous prenons un bus pour rejoindre Tabriz. La roue de Loïc n'est pas en assez bon état pour faire les 70 derniers kilomètres.
Ces dernières semaines nous lisions (sur les conseils de Sylvain) "L'usage du monde", dans lequel Nicolas Bouvier raconte ses aventures sur la route de la soie. Il passe tout un hiver à Tabriz. C'est fou comme les choses peuvent changer en 50 ans. Tabriz est maintenant une grosse ville d'un million d'habitants, à la circulation cauchemardesque...

Les gares routières sont toujours excentrées en Iran, et l'entrée dans la ville est aussi fatigante qu'une journée de vélo.

Dans cette ville transformée, une chose a gardé tout le charme de l'époque de Nicolas Bouvier : le bazar. Un des plus grands au monde. Des kilomètres d'échoppes, formant un véritable labyrinthe où nous nous perdons à plaisir.
Nous découvrons aussi la mosquée bleue, qui aurait beaucoup plu à Mallocoicoi et Annick, nos fans de mosaïques. A l'origine, toute la mosquée en était recouverte. Elle est très abîmée mais reste superbe.

Nous quittons Tabriz le lendemain soir pour prendre un car de nuit, direction Téhéran, capitale qui, à ce qu'on en a lu, n'a rien d'attrayant. Nous aurons le temps de voir cela : une course aux visas nous y attend !!!


P.S. : Nous venons d'apprendre, sur un forum dédié aux voyages, que depuis l'ouverture des Jeux Olympiques la demande d'un visa chinois ne peut se faire que depuis son pays d'origine... Ça s'annonce difficile ! Si vous avez des infos ou des contacts, on est preneurs !


Corinne, le 25 août 2008 à Teheran.



Coco et Lolo sans leurs vélos, du 21 août au 8 septembre 2008

Dans la précédente mise à jour, j'avais oublié de préciser une chose. Nous avons un visa d'un mois en Iran, et nous devons passer quinze jours à Téhéran pour obtenir nos visas ouzbeks et turkmènes. Cela nous laisse donc seulement 15 jours à pédaler. Trop court pour traverser ce vaste pays à vélo. Voilà pourquoi nous avons pris un car de Tabriz à Téhéran.
Le même problème se posera au Turkménistan où nous n'aurons qu'un visa de transit de cinq jours : il nous faudra à nouveau prendre du bus.


+tape 1 : Téhéran, le cauchemar urbain.

5 heures du mat'. Notre car arrive à Téhéran. A peine descendus que l'on sent déjà l'air pollué. On finit notre nuit sur les bancs de la gare et c'est parti pour une traversée de la ville à vélo. Deux heures dans une circulation terrible à essayer d'atteindre le centre sans se faire écrabouiller.
Ici la ville semble être conçue non pas pour les hommes mais pour les voitures. D'énormes artères de 3 ou 4 voies partout dans la ville, un flot ininterrompu de voitures et de mobylettes dégageant un brouillard de fumée qui prend au nez, à la gorge... L'air est vraiment irrespirable.
Voici d'ailleurs quelques détails à propos des règles de circulation.

Et puis, il y a aussi le bruit. Le bruit des moteurs et celui tellement agréable des klaxons...
Nous arrivons quand même à atteindre le sud de la ville, où se trouvent les hôtels abordables et où nous pouvons enfin nous poser.

Comme, en Iran, le week-end c'est jeudi et vendredi, et que l'on est jeudi, nous avons une journée pour nous reposer avant de nous lancer dans notre nouvelle mission : la chasse aux autocollants ! Encore plus rares, plus chers et plus difficiles à obtenir que la plus recherchée des vignettes Panini, il nous faut un visa ouzbek et un visa turkmène. Sachant que pour obtenir le visa turkmène il faut attendre sept à dix jours et avoir déjà le visa ouzbek collé sur son passeport et que, pour avoir l'ouzbek, il faut aussi attendre quelques jours et avoir une lettre de recommandation de l'ambassade de France...
Nous passons donc six jours à arpenter les rues de Téhéran dans tous les sens, à pied, en bus et en taxi. Evidemment, les ambassades sont au nord de la ville et ne sont ouvertes que quelques heures le matin ; nous y allons donc en taxi, passons la matinée à poireauter, et une bonne partie de l'après-midi à nous perdre dans les bus et à finir à pied pour retrouver notre hôtel.
Et après tout cela, il faut encore aller courir les marchands de vélos pour réparer la roue de Lolo...

Même pas le temps de visiter la ville mais, de toute façon, il n'y a pas grand-chose à voir. Il n'y a pas de vrai centre ville mais plutôt des tas de bâtiments complètement délabrés partout.

Heureusement, dans cette jungle urbaine, nous nous trouvons quelques petits plaisirs et rencontres...
  • Nos jus de banane.
    Dans les villes iraniennes, à chaque coin de rue, il y a des petites échoppes qui font de délicieux jus de fruits frais : banane, melon, carotte, orange... Et à Téhéran nous trouvons le must du must : un vendeur qui fait des jus de banane crémeux et frais... Pour se remonter le moral, on y va tous les jours...




  • Le métro de Téhéran.
    Il offre un contraste saisissant avec le reste de la ville. Il est propre, calme, beau, décoré avec goût et surtout ça ne pue pas les pots d'échappement !!! Qu'est-ce qu'on y est bien ! Et le plus formidable dans tout ça c'est qu'un ticket coûte seulement 0,10 €. On y passerait bien nos journées !





  • Rassoul et Delaram.
    Nous avons rencontré Rassoul grâce à un forum de voyage sur Internet. Il est professeur de musique, cyclotoursite, parle parfaitement français et lui et sa femme Delaram sont très sympas. Il nous aide bien en nous trouvant un marchand de cycles tip-top et en y jouant les interprètes, et l'on passe de bons moments avec eux.

Au final, après une semaine passée à Téhéran, nous voilà avec notre visa ouzbek en poche et six jours devant nous avant de pouvoir aller chercher notre sésame turkmène.
On en profite pour descendre vers le centre du pays visiter des villes historiques.

+tape 2 : Le centre de l'Iran

On saute dans un bus de nuit et nous voilà à Yazd, ancienne oasis dans le désert, qui a bien poussé mais qui a conservé intacte sa vieille ville. Nous y arrivons un vendredi, chômé en Iran. Tout est calme. On respire...
De plus, nous trouvons un superbe hôtel (une maison traditionnelle rénovée), qui est en manque de touristes et où, pour 16€, on a une chambre de luxe donnant sur une agréable cour intérieure... Il n'y a pas un bruit... Qu'est-ce qu'on est bien.


On passe trois jours à se perdre dans les ruelles de la vieille ville, à flâner dans le bazar, à visiter mosquées et autres monuments couverts de mosaïques et à assister en fin d'après-midi, lorsque la chaleur écrasante s'estompe un peu, au réveil de la ville dont les rues se mettent à fourmiller de gens. C'est à ce moment-là que les tchadors sont le plus impressionnants, car il y a beaucoup de femmes dans les rues, toutes en noir ; cela donne une drôle d'ambiance.

Puis, nous prenons la direction d'Esfahan, ville bien plus importante aux mosquées splendides. Là aussi nous flânons dans les rues et dans l'immense bazar. Dans cette ville nous rencontrons à plusieurs reprises des étudiants ravis de pratiquer leur anglais avec des étrangers, avec qui nous faisons un bout de chemin.


Nous assistons également à un cours de musique de Rassoul. Il apprend à ses élèves à jouer du setar, instrument traditionnel iranien. Sa méthode d'enseignement est, elle aussi, traditionnelle, sans support papier, sans partition : tout se fait par oral.






Le 1er septembre est le premier jour du ramadan cette année. Tous les restaurants et petits bouis-bouis sont fermés. Adieu les jus de banane en plein après-midi !
Les touristes et les voyageurs ont le droit de manger et boire, mais à l'abri des regards.

Durant ces quelques jours nous avons aussi été très impressionnés par la gentillesse et la disponibilité des Iraniens. + chaque fois que nous leur avons demandé un renseignement, ils se sont décarcassés pour nous aider, et même quand ils ne parlent pas l'anglais ils font l'effort d'essayer de nous comprendre.


Après plus de cinq mois sur les vélos, à pédaler tous les jours, ce repos forcé commence à nous peser. On a hâte de retrouver nos vélos et notre rythme de vie. C'est sûr qu'il est agréable de dormir tous les soirs dans les hôtels, de ne pas avoir à se lever tous les jours à 6h ou 6h30, de profiter des boutiques des villes pour goûter à toutes les choses délicieuses que l'on trouve par ici, d'avoir un frigo dans sa chambre d'hôtel pour pouvoir boire de l'eau fraîche et surtout conserver du beurre (et comme ici le pain est délicieux...).
Mais on a l'impression d'être bien loin de ce pourquoi on était partis.
Cette semaine passée à voyager en transports en commun nous a aussi confortés dans le choix du vélo. Nous nous sommes habitués à son rythme lent et progressif, à voir les paysages changer. A Yazd, par exemple, nous sommes arrivés de nuit, et nous n'avons pu nous rendre compte de l'immensité du désert qui l'entoure, seulement en quittant la ville de jour.
Voyager à vélo nous permet aussi de mieux nous rendre compte des réalités du pays. Nous ne nous contentons pas de visiter les villes les plus intéressantes, nous sommes aussi confrontés aux campagnes où la vie est plus difficile.
Les rencontres que nous faisons à vélo sont aussi, je pense, plus variées et nous sommes plus amenés à aller vers les gens.

+tape 3 : Téhéran, quand on n'en veut plus, on en a encore !!!

Nous voilà de retour à Téhéran... C'est toujours aussi terrible, mais on se dit que ce n'est que pour deux jours.
Pas de chance, lorsqu'on arrive à l'ambassade du Turkménistan, le jour où ils nous avaient demandé de repasser, un mot (en farsi) indique qu'elle est fermée pour quatre jours... On est dégoûtés... Encore cinq jours à passer dans cette ville-prison alors que l'on aurait pu rester un peu plus dans le centre du pays.
Et puis on veut pédaler, nous !!!

On hésite à repartir pour visiter Kashan, mais après une nuit blanche dans le car on n'a pas le courage de repasser des heures et des heures sur la route pour profiter de la ville seulement deux jours.

Nous décidons plutôt de nous occuper à Téhéran, et de prendre l'air à la montagne. Aux portes de la ville, côté nord, un téléphérique permet de gravir le mont au pied duquel s'étend Téhéran. De là-haut, on ne distingue que le nuage de pollution qui recouvre la ville. Mais sur l'autre versant de la montagne, on se retrouve en pleine nature, aride et hostile, mais tellement belle.
Ça nous fait du bien, ce bol d'air.







Le soir nous rencontrons Hamida et son mari, deux Français expatriés à Téhéran pour trois ans. Vous vous souvenez que Lolo avait cassé ses lunettes de soleil correctrices le jour de son anniversaire. Eh bien, Optical Center a été très sympa avec nous et a bien voulu nous en refaire gratuitement une paire.
Loïc cherchait des infos sur un forum Internet concernant la poste restante en Iran, et est entré en contact avec Hamida, qui rentrait à Paris pour une semaine, et nous a proposé de faire le facteur (la poste restante n'est pas sûre ici). Pendant qu'on est à Erzurum, le papa de Loïc s'arrange depuis Plouvien avec Optical Center de Nantes pour que les lunettes soient fabriquées dans un magasin de Paris pour que Sonia, ma sœur, (maintenant devenue une vraie Parisienne) les récupère et les confie à Hamida qui nous les a remises à Téhéran !!! C'est pas beau ça ?

Du coup, entre les visites, la mise à jour du site, l'achat de billets de train (pour sortir de Téhéran en évitant la folie des autoroutes péri-urbaines et pour arriver au Turkménistan à temps), et le repos, le temps passe vite, et demain on devrait NORMALEMENT avoir nos visas et, ENFIN, quitter Téhéran pour continuer la visite du pays à vélo !!!


Corinne, le 7 septembre 2008 à Teheran.



Shérif, fais moi peur, du 8 août au 16 septembre 2008

L'ambassade du Turkménistan était sensée réouvrir le lundi 8, nous y sommes donc dès 9 heures. Nous apprenons que le consul est sur la route du retour des vacances, il faut revenir demain ! Nous sommes dépités, d'autant plus que nous avions déjà réservé nos billets de train pour le soir même. Y a plus qu'à annuler et à rester encore un jour de plus dans la ville "automobiles".
Par chance Ben et Sylvie (et le reste de la troupe avec qui ils pédalent depuis 2 semaines), viennent d'arriver à Téhéran ; nous étions en contact par mail depuis quelque temps. C'est un couple de cyclos voyageant sur la même route que nous, mais décalé de 2 semaines. Nous passons donc l'après-midi et la soirée ensemble, ça remonte le moral !



Mardi soir, nous quittons enfin Téhéran avec nos visas turkmènes en poche, ouf ! Par contre, petit changement de programme, nous n'entrerons pas au Turkménistan par Ashgabat comme nous le souhaitions, mais par Saraghs car nous transitons vers l'Ouzbékistan et non pas vers le Kazaghstan, dixit le gars de l'ambassade. Mouais, bizarre cette affaire, d'autres voyageurs ont pourtant déjà emprunté cet itinéraire.



Nous avions prévu de rejoindre Gorgan en train, dans la pointe sud-est de la mer Caspienne, pour sortir à temps de l'Iran (en raison des dates de visa) ; compte tenu de la modification d'itinéraire (allongé), il nous faudra reprendre du train après Mashhad pour atteindre la frontière turkmène.
Mais cela ne nous contrarie pas vraiment, l'essentiel étant de pouvoir pédaler à nouveau.

Après une nuit passée dans le train (d'ailleurs ce fut un vrai parcours du combattant pour obtenir nos billets), nous arrivons à Gorgan. A 8 heures, il fait déjà très chaud et humide (allez donc faire un tour dans le pavillon tropical d'Océanopolis, à Brest, ça vous donnera une idée !), ça promet...

Nous roulons une bonne trentaine de kilomètres avant de quitter l'enchevêtrement de villes et villages. Régulièrement des vélos, des motos ou des voitures nous suivent pendant plusieurs minutes, ou se mettent à notre niveau et nous demandent "country ?", puis nous photographient avec leurs portables. Deux, trois fois, ça va, mais au bout d'une douzaine de fois c'est barbant... alors de temps en temps nous feignons de ne rien piger, on peut alors lire dans leurs yeux l'amère déception de ne pas savoir d'où nous venons ! Bon, c'est vrai que des touristes par ici il n'y en a pas des masses, c'est donc normal d'être l'attraction, mais quand même... ça passerait tellement mieux si, avant de prendre la photo, on nous faisait un petit signe "photo ?" ou quelque chose dans ce goût-là...
J'allais oublier de mentionner les coups de klaxon. Je pense que les Iraniens ne prendraient plus plaisir à conduire s'ils étaient privés de cet instrument !

Et lorsque nous pensons être tranquilles, c'est au tour des policiers de venir nous questionner et demander nos papiers. En règle générale la photocopie couleur suffit (mieux vaut se méfier, nos passeports sont précieux). Quatre à cinq contrôles en deux jours.
Ils viennent même nous demander nos passeports chez l'habitant et à l'hôtel à Mashhad. Avant de quitter Téhéran nous n'avions jamais eu affaire à la police.

Mais le plus incroyable c'est lorsqu'un policier décide de nous coller une escorte, relayée à peu près tous les 30 kilomètres ! Nous mettons presque deux jours à nous en débarrasser, insensé !!! Ce n'est pourtant pas faute d'essayer : le 1er jour nous refusons de monter dans leur pick-up, ils se retrouvent donc à nous suivre en roulant au pas... Nous prenons tout notre temps : une pause biscuits, une pause toilettes, une pause eau, etc... Le soir, ils nous déposent chez un copain policier, nous pensons que l'escorte va se terminer là.
Eh bien non, le lendemain matin, au petit-dej', qui voyons-nous surgir ? Notre shérif adoré de la veille ! Pour mettre fin au plus vite à cette histoire nous acceptons de monter dans son pick-up, pour 25 kilomètres, nous dit-il. Il en profite pour nous faire faire une "visite touristique", nous montre des petits poissons dans le ruisseau et nous photographie devant la montagne. Dans la voiture, lorsqu'il veut capter notre attention, il klaxonne, il est mort de rire... il est bien plus drôle que ses collègues précédents.
Nous rigolons moins quand il nous descend du pick-up pour nous refiler à d'autres collègues. Nous refusons, et c'est reparti pour une bonne soixantaine de kilomètres d'escorte. Là encore nous traînons pendant les pauses, ça les agace un peu, mais sans plus. Plusieurs fois, nous essayons de leur expliquer que nous n'avons pas besoin d'eux, mais ils font semblant de ne rien comprendre ("no police", c'est pas compliqué pourtant...), les ordres sont les ordres ! Nous insistons bien. Arrivés dans un village, à 18 heures, nous nous arrêtons pour chercher un coin où dormir. Ce n'est pas du goût du policier ; croit-il que nous pédalons aussi la nuit ? Nous demandons à des jardiniers si nous pouvons planter la tente (pas facile avec la police sur le dos). Ils comprennent que nous en avons ras-le-bol de cette escorte absurde, et semblent passer le message. La police s'en va, et ne reviendra pas le lendemain ; nous respirons une bonne bouffée de liberté ! Encore une fois, pas besoin de monter la tente, nous sommes invités !

L'air devient moins humide à mesure que nous prenons de l'altitude, mais il fait toujours très chaud, et le thermomètre chatouille encore les 40ÝC. Et comme la couche de pollution de Téhéran ne nous protège plus des rayons du soleil, Corinne parfait son bronzage !

Nous sommes vraiment heureux de voyager à nouveau sur nos vélos, et toutes ces péripéties nous font finalement bien rire.






Mis à part deux cols et quelques faux plats montants, le terrain est plat, voire légèrement en pente, les kilomètres défilent bien, entourés par les montagnes perdues dans la poussière. D'ailleurs l'avantage de passer par Mashhad plutôt que par Ashgabat est que nous évitons plusieurs cols.

L'arrivée dans Mashhad est par contre très pénible : gaz d'échappement, klaxons à gogo, circulation infernale, les voitures et taxis, qui s'arrêtent d'un coup devant nous, nous obligeant à déboîter... Nous nous sentons bien fragiles sur nos frêles vélos parmi toute cette agitation. Et le centre ville qui n'en finit plus d'approcher...
Exténués par la ville, nous trouvons enfin le repos dans un petit hôtel. Nous sommes juste de passage dans la ville sainte ; le centre d'intérêt est le sanctuaire, hyper religieux. Les mosquées, les mausolées et tout ça sont magnifiques en Iran, mais nous en avons eu notre dose à Yazd et Esfahan. Nous nous contentons donc de visiter la gare pour prendre les horaires de train, et mettre à jour le carnet de voyage...


Nous critiquons souvent gentiment les Iraniens car, en masse, ils sont vraiment usants, ce sont de vraies commères, et beaucoup de choses simples nous paraissent extrêmement compliquées. Nous n'avons décidément pas la même culture, mais c'est bien là le but du voyage ! Pris individuellement, ils sont tous adorables et toujours prêts à nous rendre service.
Il nous a, par exemple, été très simple de trouver notre chemin à vélo jusqu'à la gare ferroviaire à Téhéran : les motards à qui nous demandions notre chemin nous guidaient, à notre allure. Comme quoi les pétrolettes ça a parfois du bon !
De même, sur ces sept jours de vélo, nous n'avons sorti la tente qu'une seule fois, dans un camping aménagé pour les pèlerins en direction de Mashhad. C'était plutôt folklo, très vivant. Les autres nuits nous avons été reçus dans des familles ; nous avons également dormi une nuit dans une station météorologique, puis une autre dans l'officine des professeurs d'une madraseh (école théologique), parmi les nombreux portraits de Khomeini et Khamenei. Nous avons d'ailleurs mangé le soir dans le gymnase avec les étudiants rassemblés après le coucher du soleil (nous sommes en plein mois de ramazan).

L'Iran est un pays à découvrir pour sa population communicative et débordante d'énergie, pour ses paysages variés et pour ses magnifiques villes historiques. Pour un séjour réussi, vous l'aurez compris, mieux vaut passer le moins de temps possible à Téhéran ; et à moins d'aimer répondre sans arrêt aux questions "Where are you from ?", "What is your name ?", etc, d'apparaître en photo sur bon nombre de téléphones portables et de rouler dans une circulation démente, choisissez le bus plutôt que le vélo, à moins de connaître les petites routes.

Loïc, le 17 septembre 2008 à Mashhad.