Cambodge
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Pêche aux infos pratiques


Coco et Lolo arrivent chez les Khmers, du 5 au 11 février 2009

Notre première journée au Cambodge commence fort !
Déjà nous avons beaucoup de mal à trouver la frontière ; un léger détour de 30 bornes pour nous rendre compte que la route à suivre est en fait un minuscule chemin qui débouche sur un bac. Il faut dire que la frontière que nous avons choisie n'est pas très fréquentée et qu'elle est conçue pour être traversée par bateau, car du côté cambodgien pas de route, juste une petite piste de très mauvaise qualité qui longe le Mékong.
Nous n'avons jamais effectué ces formalités aussi facilement : bâtiments donnant sur le fleuve, douaniers en shorts... On est bien loin de l'Asie centrale, on pourrait même passer sans aucun contrôle ! Mais bon il nous faut absolument les précieux tampons pour ne pas être embêtés à la sortie.

Immédiatement la pauvreté des Cambodgiens nous saute aux yeux. Sur cette piste, les maisons sont en bois et tôle, et le réseau électrique ne fait pas partie du paysage. Les enfants sont habillés avec de vieux vêtements troués et sales et les plus jeunes sont nus... Mais les gens sont joyeux et sympathiques et les "hellos" fusent de tous les côtés !
Mais attention, la piste est tellement mauvaise qu'il y a intérêt à ne pas lâcher la route des yeux. Il y a tellement de trous que Lolo casse un rayon (côté cassette évidemment).

Et il n'y a pas que le vélo qui faiblit, Lolo aussi. La chaleur est torride. Vers 15 h, face à des travaux, nous nous arrêtons pour trouver la « déviation », et voilà Loïc, vraiment pas en forme qui doit absolument faire une pause. On est entourés par une bonne douzaine de gamins et des adultes, et on n'a vraiment pas envie de planter la tente là ; finalement après avoir vomi, Loïc se sent un peu mieux, et on tente de parcourir les 10 kilomètres qui nous séparent de la ville.
Après encore une pause on y arrive pour se rendre compte qu'il faut passer un bac. Dur-dur pour Loïc, mais après une bonne nuit de sommeil il est comme neuf !
Ouf, car le Cambodge n'est vraiment pas réputé pour ses hôpitaux !

Le lendemain, nous rejoignons Phnom Penh, la capitale. Nous, qui pensions avoir tout vu en matière de folie sur les routes, hallucinons : des mini-vans bondés de passagers et de bagages roulent à bonne allure sur la nationale avec, sur le toit, des gens juste assis sans rien pour se tenir.
Par contre, nous qui craignions la circulation que l'on nous avait décrite comme chaotique et surtout très rapide, nous sommes vite soulagés. Niveau bordel organisé, on est devenus des pros au Viêtnam et, comparés aux Iraniens kamikazes, ça va, ils ne roulent pas si vite.

Il y a 30 ans, le pays a connu une véritable tragédie : les Khmers rouges ont pris le pouvoir et ont voulu instaurer un régime communiste agricole.
Les citadins et les intellectuels ont subi des privations, le travail forcé, des tortures et des massacres et l'économie du pays s'est effondrée.
Nous avons visité le musée Tuol Sleng installé dans l'ancien centre de tortures S21. Les nombreuses photos du génocide font froid dans le dos.

Dans les villes comme dans les campagnes la misère est là. On croise de nombreux enfants qui, malgré leur jeune âge, travaillent ou mendient, et il y a énormément de mutilés car le pays est truffé de mines antipersonnel qui n'épargnent personne.

Encore une fois, nous tombons mal pour nos visas thaïlandais. Lorsque l'on arrive vendredi en début d'après-midi, c'est trop tard pour lancer la demande avant le week-end et, exceptionnellement, l'ambassade est fermée lundi ! On ne les récupérera que mercredi !
On prend donc un rythme de croisière pour visiter la ville... Et on profite aussi de la mission culturelle française (on a choisi un hôtel tout près) et de TV5 monde, la télé en francais ! Que ça fait du bien !

Nous découvrons un nouveau style de temple tout aussi beau que celui de la Chine et du Viêtnam. Les autels sont très kitsch : les bouddhistes adorent décorer leurs bouddhas de néons multicolores.
Nous passons un long moment dans le parc du temple Phnom où vivent des singes. Ils sont en liberté et c'est un vrai spectacle de les regarder jouer, se disputer et manger.
Les marchés couverts nous rappellent les bazars turcs et iraniens ; même pagaille et mêmes explosions de couleurs et d'odeurs (ce sont des paniers de crevettes séchées, et ils font pareil avec les poissons) !

Mais la chaleur ambiante est vraiment difficile à supporter (entre 30° et 35°C, et la nuit cela ne baisse pas beaucoup) et ça ne va pas aller en s'améliorant... En relisant les guides sur le Laos et la Thaïlande, nous nous rendons compte que les températures auraient été bien plus clémentes en parcourant notre boucle de l'Asie du sud-est dans l'autre sens... Dommage ! On avait pourtant regardé tout cela mais, visiblement, pas assez. On s'est laissé embrouiller par les saisons des pluies très complexes du Viêtnam, et le mois supplémentaire que l'on y a passé nous fait arriver plus tard dans la saison.

Nous allons maintenant mettre le cap sur Siem Reap et les célèbres temples d'Angkor !
Mais, avant ça, faisons un petit tour en tuk-tuk dans les rues de Phnom Penh !

Corinne, le 11 février 2009 à Phnom Penh, Cambodge.


Angkor, encore bien plus qu'une bière, du 12 au 25 février 2009

Nous avons pu goûter la finesse de la bière cambodgienne Angkor pendant notre petite semaine à Phnom Penh. Mais pour nous rendre compte de la beauté des temples du même nom, il nous faut encore donner quelques dizaines de milliers de coups de pédales.
Ça commence par deux jours sur la nationale N6. Pas vraiment passionnant : il y a de la circulation, et hormis les villages animés c'est plutôt monotone. Heureusement bonne surprise : nous croisons les globicyclettes. Olivier et Amanda tournent autour du monde depuis plus d'un an sur des vélos identiques aux nôtres, et ne sont pas encore prêts de s'arrêter ! Nous avions prévu de nous voir dans les parages mais, par manque d'accès Internet, nous n'y croyions plus trop... Nous passons pas loin de trois heures au bord de la route à discuter anecdotes, conseils, etc. Puis, chacun reprend son chemin. Nous n'oublions pas de leur remettre l'article qu'un journal kazakh leur avait consacré il y a quelques mois ; des villageois nous l'avaient remis au Kazakhstan, se demandant si c'était nous !

À partir du troisième jour, nous quittons la nationale pour nous engager sur une route de terre (en fait, c'est aussi une nationale, la N66). Au fur et à mesure que nous progressons vers la brousse cambodgienne, la circulation se raréfie et c'est tant mieux, car à chaque passage de 4x4 ou de camion nous sommes noyés dans un nuage de poussière.
Le soir même, nous pensons atteindre le temple Preah Khan, perdu dans la jungle sur l'ancienne route d'Angkor. Pour cela nous bifurquons en fin d'après-midi vers un petit chemin, qui se transforme au bout de 3-4 kilomètres en sentier sablonneux. Impossible d'y rouler avec nos vélos chargés. Nous nous renseignons auprès de locaux qui passent par là à moto : c'est comme ça jusqu'au temple, soit 25 kilomètres de sable, et probablement encore au-delà. Pousser les vélos sur une telle distance ne nous enchante guère ; nous décidons donc de monter le camp pas loin de la piste. Nous ferons demi-tour le lendemain pour continuer sur la route de terre.

Nous n'avons pas d'eau chaude pour les nouilles chinoises. C'est l'ocassion de tester enfin notre réchaud à bois en boîte de conserve : ça marche très bien, c'est comme un feu de camp, mais en plus petit ; la chaleur est concentrée, il y a de bonnes prises d'air, moins de risques d'incendie, et la bouilloire a sa place sur le dessus.



Rouler sur cet itnéraire nous permet d'éviter la nationale et de voir comment la vie se passe dans la campagne. La pauvreté saute aux yeux, mais les Cambodgiens semblent bien s'en accommoder. En tout cas avec le sourire, nous semble-t-il. Nous y sommes bien plus tranquilles, et toujours bien reçus lorsque nous traversons les quelques villages éparpillés. C'est par contre bien plus difficile de trouver un petit boui-boui pour manger lorsqu'on est au milieu de nulle part. Et ce n'est pas aussi délicieux qu'au Viêtnam ! De même pour l'eau. Dans les villages, elle est à décanter dans de grosses jarres (de l'eau pompée du sol, de l'eau de pluie, de l'eau de rivière et de je ne sais trop où encore), ça lui donne un goût gerbant, et c'est vraiment le cas de le dire, j'en ferai l'expérience... peut-être aussi liée à la chaleur. Nous nous répétons, mais ça fait tellement partie de nos journées en ce moment : il fait chaud, très chaud, les après-midi sont difficiles. Nous faisons plus de pauses à l'ombre, nous buvons plus, et il va falloir nous faire violence pour partir bien plus tôt le matin afin de profiter des quelques heures qui suivent le lever du soleil : la chaleur y est plus supportable. De 10 h à 16 h, c'est une autre paire de manches...


Le long de la route nous voyons beaucoup de panneaux de mise en garde contre les mines anti-personnel. Le Cambodge est le pays le plus miné au monde, la campagne de déminage est loin d'être terminée ; chaque jour, nous voyons des personnes à qui il manque une jambe, un bras, ou qui sont défigurées. Terrible héritage laissé par les Khmers rouges.





Nous avons évité de pousser les vélos dans le sable en renonçant au temple de Preah Khan, mais finalement nous n'y échappons pas complètement car il y a des travaux de canalisation sur la route, et régulièrement il faut suivre une petite déviation... dans le sable ! Ajoutez-y la poussière et la chaleur... "Partez voyager à vélo qu'ils disaient...", mouais...





La campagne nous rappelle par moment notre précédent voyage au Mali : terre rouge-ocre et savane, terrain plat, peaux très bronzées, presque noires. Mais trois jours sur cette route, ça devient monotone. Ça tombe bien, nous voilà tout proches de Koh Ker, ancienne capitale de l'empire angkorien. Nous laissons donc nos sacoches dans une petite guest-house et passons une bonne partie de la journée à arpenter le site sur nos vélos, de ruines en ruines. C'est plaisant de se balader à l'ombre, dans la forêt, d'autant plus qu'il n'y a personne, mais il faut bien avouer que pour des non passionnés comme nous, ça fait beaucoup de ruines qui, pour la plupart, ne ressemblent plus à grand-chose...


Le lendemain midi, nous atteignons Beng Mealea, un temple d'Angkor reculé dans la jungle. Et là nous sommes conquis, nous ne nous lassons pas d'explorer ce temple noyé dans une ambiance mystérieuse, on se prendrait facilement pour des archéologues aventuriers !


Après un peu plus de sept jours, nous arrivons à Siem Reap. Nous y prenons une chambre et pendant trois jours nous visitons les temples d'Angkor. Ce n'est vraiment pas de tout repos. Dès 6 h 30 nous sommes sur place pour profiter au maximum de la "fraîcheur" matinale. Nous nous limitons au groupement de temples le plus proche de la ville, il y a déjà assez à faire. Le site se parcourt très bien à vélo, nous nous régalons, notamment le premier jour, lors de notre circuit autour des petits temples, nettement moins courus par la foule. Nous passons d'ailleurs cette journée avec Bas, sympathique voyageur à vélo rencontré le matin-même.
Nul besoin d'être amateur de vieux cailloux pour apprécier cette splendeur architecturale. Les constructions sont variées, et l'atmosphère change d'un temple à l'autre, tantôt envahi par la jungle, tantôt gardé par des éléphants de pierre ou par d'immenses portraits des dieux taillés eux aussi dans la pierre. Tout cela fait que l'on ne se lasse pas de la visite, sutout lorsqu'on l'étale sur trois jours.
Evidemment, il y a l'envers du décor, qui n'apparaît pas dans les beaux livres : "Sir, cold drink sir ?", "Madame, bracelet ?", "Acheter t-shirt, ananas ?", "Restaurant ?", ceci à chaque fois que l'on entre ou sort d'un temple... De même, il faut user de patience et attendre que tous nos amis touristes asiatiques (je vous assure, le plus souvent ce sont eux) aient fini de se faire prendre en photo devant tel ou tel monument pour, à notre tour, le prendre en clic tel quel. Mais ils sont parfois tellement drôles que nous en rigolons bien !

Une journée de repos pour digérer ce plat de pierres, puis nous nous apprêtons à prendre un bus pour Bangkok pour rejoindre à temps Erwan qui va nous accompagner en Thaïlande. Nous regrettons un peu de ne pas avoir le temps de voir d'autres facettes du Cambodge, mais même lors d'un long voyage il faut faire des choix...
Et finalement surprise : nous recevons un mail de Perrine et Thierry qui eux aussi sont au Cambodge ! Nous arrivons finalement à nous recontacter, et rendez-vous est pris pour le lendemain soir. Nous restons un jour de plus, ce qui permet de passer encore une très bonne soirée remplie des histoires qui nous sont arrivées durant les 2 mois écoulés depuis notre rencontre à Hanoi.

Et finissons cette mise à jour par une très bonne nouvelle : félicitations aux nouveaux parents Tonio et Val pour leur petite Chloé, arrivée le 3 février !

Loïc, le 24 février 2009 à Siem Reap, Cambodge.